« Il vomit dans les toilettes. Il pensa un instant plonger son visage dans l’eau souillée pour boire une gorgée et il l’aurait fait si sa mère l’avait regardé. »
Il y a deux ou trois ans, David Vann avait surpris son monde avec Sukkwan Island, un thriller familial étouffant, un huis-clos entre un père et son fils adolescent perdus sur une petite île glacée en Alaska. Un roman brut qui avait instantanément transformé Vann en star de la littérature mondiale.
Puis l’an dernier, il était revenu avec Désolations un autre roman familial bien torturé . Un thème récurrent, la destruction de la cellule familiale vue de l’intérieur . Ce qui choque chez Vann, c’est sa maîtrise du sujet. La précision de l’évolution des rapports conflictuels. Comme s’il le vivait chaque jour lui-même. C’est d’ailleurs ce qui transpire dans ses interviews. La violence ordinaire dont il parle à mots couverts, qu’on devine sans la nommer.
» Sa mère, une perturbation constante, une déchirure dans le tissu de l’espace et du temps. Aucune paix possible quand elle était dans les parages. »
Impurs, troisième roman de l’américain, continue d’explorer ses obsessions. Un huis-clos familial, un autre. Une relation mère-fils devenue invivable. Un fils perturbé qui cherche à s’échapper à travers la méditation. Une famille en pièces, détruite par un grand-père aujourd’hui décédé. Un père qui n’a jamais existé et dont on nie jusqu’à l’existence. Une mère qui joue un rôle, qui affiche une bonne humeur feinte et se cache derrière des apparences qui ne trompent plus personne. Impurs est le tableau d’un petit cercle au bord de l’explosion . Des gens qui se haïssent en font semblant d’être proches. Une violence contenue jusqu’au summum de de l’étouffement. Et puis la folie qui finit par s’exprimer.
Un roman très très juste, terrifiant aussi, implacable et suffocant.
David Vann est vraiment fort dans son registre, même s’ il n’en a qu’un pour le moment.
Je ne sais pas s’il voit un psy ou si ses livres lui servent de thérapie mais l’homme à des choses à raconter sur lui-même … Et c’est pas joli joli…
David Vann, Impurs, éditions Gallmeister.