Sigur Ròs – Kveikur

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Ah Bordel ! Sigur Ròs sort un album. J’arrête tout et j’écoute. Ambiance casque sur les oreilles, petit voyage en Islande sur le satellite terrestre de Mars. Sigur Ròs, un de mes groupes préférés de la vie de la mort, les gars qui m’ont fait aimer l’islandais (bon y a eu les Sugarcubes et Björk avant eux quand même) au point de goûter une tête de mouton à la vinaigrette un soir de désespoir septentrional… Sigur Rós, que je place dans ma géographie personnelle aux côtés de Sonic Youth, Radiohead, Cocteau Twins ou Fugazi (cherchez l’intrus).

L’album s’appelle Kveikur, pourquoi pas, la pochette est belle comme d’hab, des promesses, des promesses!

Dans un monde pas si ancien, j’aurais couru à la Fnac. J’aurais déchiré le cellophane avec les dents, je me serais fait mal,  j’aurais tenté de lire les paroles en islandais et puis, finalement je me serais assis religieusement dans mon fauteuil et j’aurais savouré.

Saloperie de Deezer, à cause de toi c’est fini. Tu as tout détruit. J’étais un adepte des relations tarifées avec la musique. Oui, je payais pour jouir. Il existait, auparavant, ce rapport financier, intime, que j’entretenais avec les disques que j’achetais. Le fait de les acquérir physiquement m’obligeait sans doute à m’investir un peu plus dans leur écoute. Je les avais choisis. Les 12 ou 13 euros investis me poussaient à faire l’effort nécessaire pour me les approprier, aux deux sens du terme.

Je digresse, je le sais. Mais aujourd’hui rien n’est plus simple que de zapper. On écoute un disque du bout du lob, ça effleure à peine les tympans et on passe à autre chose…

Je sais, rien ne m’oblige à passer autant de temps sur Deezer, formidable catalogue virtuel de plaisirs potentiels infinis…D’ailleurs, quand un album me plait, je finis toujours par l’acheter.

BREF. Le nouveau Sigur Rós tient-il ses promesses oui ou non? Extase à Reykjavik ou ennui polaire majeur? Les deux derniers albums étaient quand même vaguement chiants et légèrement inquiétants quant à la capacité du groupe à se renouveler…

Première écoute, l’intro de Brennisteinn (à vous souhaits) est mortelle. On l’imagine parfaitement en ouverture d’un concert. Ça va être énorme, c’est sûr ! Mais très vite, c’est la douche froide. Jonsi et sa voix de prépubère qui ne muera plus (c’est trop tard) vient apposer une mélodie d’une mièvrerie rare. Oh non…ça pue…le groupe derrière tient pourtant vraiment la route. Ils ont retrouvé leur batterie au fond du garage, bonne nouvelle, allez les gars ! Petit sursaut à la fin du morceau pour un beau final. Impression mitigée. On passe à la deuxième et le sale goût dans la bouche revient, immédiatement, insistant. Bonne intro et puis Jonsi qui revient pour une bleuette…

On passe au single. Isjaki .Il doit être fort le single ! Jonsi toujours, décidément un grave problème de mélodie avec la voix…intro moyenne, j’attends l’explosion…1:15, le verdict tombe. Refrain pathétique, à peine digne d’un Eurovision, version Lettone ou Finlandaise. Non c’est pas possible…où sont les premiers albums??? J’erre comme une âme en peine au cœur des chansons suivantes…C’est terrible de ne même plus comprendre ce qu’on adorait avant…

Stormur et Kveikur font le boulot, je sauve ce que je peux sauver. Je titube. Var (rien à voir avec le 83, la gendarmerie de ST Tropez, rien), la dernière chanson, est la meilleure de l’album. Je la réécoute avec plaisir et puis et je m’interroge. Pourquoi est-elle plus belle que les autres? C’est une instrumentale… Jonsi lui a foutu la paix pour une fois et l’a laissée sonner comme une ode funèbre.

Triste, je vous dis.

http://www.youtube.com/watch?v=Oc6zXSdYXm8