Je me méfie du cinéma de Delépine et Kervern. Ils ont la sale habitude d’enlaidir pour le plaisir, de présenter sous couvert de bons sentiments, de gouaille et de blagues Trash/potaches la vie misérable de ceux que tout le monde oublie, sauf eux. Je me méfie de l’altruisme social un peu caricatural qui se cache derrière une enveloppe indé forcément du bon côté du goût.
Merde…ce billet commence très mal, je sens que je suis parti pour défoncer un film qui m’a pourtant vraiment fait marrer. Qu’est-ce qui cloche ? Il y a pourtant tout ce qu’on aime dans ce Saint Amour, un penchant rebelle, bras d’honneur aux grosses machines, de l’humour fin – quelques scènes absurdes d’anthologie – Des acteurs en liberté qui s’en donnent à cœur joie, un putain de casting de rêve – Depardieu, Poelvoorde, Vincent Lacoste, Celine Sallette, Izia Higelin, Houellebecq, Andréa Ferréol, Chiara Mastroianni…Une Bande annonce prometteuse… Ah c’est peut-être ça le problème. Les promesses.
Saint Amour, c’est l’histoire d’un père et de son fils, agriculteurs du fond du trou, qui montent à Paris pour « faire » le salon de l’agriculture. Bruno (Poelvoorde) le fils, picole un peu beaucoup, se balade de stand en stand avec Kervern et entame une route des vins virtuelle. Poelvoorde fait du super Poelvoorde, sorte de folie improvisée très réjouissante. Depardieu le père se lamente de voir son fils « recommencer ses conneries », et cherche à combler le fossé qui s’est creusé entre eux. Alors, quitte à faire la route des vins autant prendre la route, la vraie, surtout si c’est en taxi et avec Vincent Lacoste (génial, comme d’hab). Une première étape absurde chez Michel Houellebecq improbable propriétaire lunaire d’une chambre d’hôtes innommable. Impossible de ne pas rire. Le road trip rural est lancé, on suit nos héros de bouteille en bouteille, de rencontre en rencontre, de bon mot en bon mot. Première partie rythmée et vraiment réussie. Mais le concept s’essouffle et le taxi de Lacoste finit par tourner en rond à force de chercher une direction. Les trois paumés terminent leur course au hasard de la route chez une Céline Sallette un peu plus à son avantage que dans les Revenants et c’est là que la comédie s’arrête pour entamer son chapitre final qui ne sait pas comment s’y prendre et nous emmène, vraiment contre notre gré, du côté cucul de la larmichette consensuelle. Vingt minutes de trop et une fin un peu n’imp’ qui ressemble au grand banquet final dans Astérix et qui a failli me faire oublier à quel point je m’étais marré pendant une heure…