TC POWERS –En mémoire de la forêt -éditions Sonatine
On a rarement vu pochette plus fidèle au contenu…Une balade dans la campagne et les forêts polonaises, ça vous dit ? Et si c’est de nuit et en plein hiver ? Vous me suivez ? Non plus ? Bon, je vous le dis, vous avez tort.
Charles T Powers était journaliste au Los Angeles times. Il était correspondant étranger pour le journal et se baladait dans les coins les plus exotiques de la planète. Jusqu’au jour où il a dû être puni et s’est fait muter à Varsovie. Il y est resté de 1986 à 1991. A son retour en Amérique, il écrit « En mémoire de la forêt », remet son manuscrit à un éditeur, et meurt. (dans l’ordre). Sur ce point, il sera copié par Stig Larsson quelques années plus tard. Il faudra attendre quelques années pour qu’il soit traduit et édité en France, par Sonatine.
De ces années vécues à l’est, Powers est revenu avec une histoire pleine de tous les secrets que le pays a dû porter entre le début de la guerre et la domination soviétique. Il était là-bas quand le mur est tombé et quand les langues se sont déliées. Des secrets enfouis, c’est de cela qu’il est question dans le roman de TC Powers.
Dire que ce peuple a souffert est un véritable euphémisme. Les polonais en ont bavé, au point de ne plus pouvoir relever la tête, d’accepter le passé, même ses pires épisodes, sans se révolter. Le gris est la couleur de la Pologne. Gris comme le ciel, la boue et les visages. « Blanc », le film de Kieslowski et son côté désespéré ne sont jamais loin.
Le roman est âpre. Difficile de le pénétrer. On s’accroche un peu pendant les cent premières pages et puis on se laisse entrainer. On s’adapte au rythme du village, à l’immobilité permanente, au mystère. C’est un peu « Twin Peaks » au pays des soviets. Chacun a un secret caché derrière le calme plat réglementaire. Et chacun se tait. Les polonais baissent les yeux. C’est ce qu’ils font depuis cinquante ans.
Le réveil vient de la mémoire. C’est elle qui ressuscite les âmes perdues. Les morts trainent encore dans le village. Dans la Pologne toute entière. Et le salut de la nation ne peut venir que d’elle-même.
In the memory of the forest, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément Baude | Ed. Sonatine | 480 p.,
Une réponse à “Ze Best of 2012 – En mémoire de la forêt”
Pour le conseil de lecture, j’hésite :
– si vous le lisez en novembre, la TS vous guette…
– si vous le lisez au bord d’une piscine en août, il risque d’y finir…
Blague à part, c’est totalement maîtrisé et les personnages ont une force brute assez envoûtante…mais définitivement trop désespéré pour moi!