J’ai trouvé le Graal. Et maintenant, on fait quoi ?
Il était une fois, il y a très longtemps de cela, j’étais lycéen dans une ville de province. J’ai déjà eu l’occasion de raconter certains épisodes de cette période épique où la notion d’internat s’est souvent confondue avec découvertes en tout genre, mauvaises notes, bières tièdes bon marché, Biactol et surtout musique venue d’une autre planète.
A 17 ans, les sens en éveil et la mèche rebelle, j’étais en proie à toutes les émotions que la musique peut procurer à un jeune pubère en pleine métamorphose hormonale. Bauhaus, les B52’s et Led Zeppelin tenaient le haut du pavé et aujourd’hui encore, quelques notes de « King Volcano » ou « Bron-Yr-Aur » suffisent à me ramener dans cette petite chambre sans charme où tant de choses mériteraient l’appellation « première fois ».
Pendant longtemps, j’ai gardé dans des cartons, des cassettes enregistrées à la va-vite, qui passaient de radiocassettes en walkman et que j’ai fini par perdre à force de déménager tous les quatre matins.
Un jour, des années plus tard, je me suis souvenu d’un air qui m’entêtait. Une petite ritournelle que nous passions en boucle et dont on ne connaissait que l’interprète. Un groupe australien, Died Pretty. C’était notre seule info. Un pote avait récupéré cette cassette chez le frère d’un copain, qui lui-même… Bref c’était déjà un miracle de connaitre le nom du groupe.
Le temps a passé, je n’ai pas revu les potes d’internat. Les cassettes se sont perdues, de toute façon on ne les lit plus…Mais j’ai gardé malgré tout cette petite musique en tête. Au moins l’introduction. Internet a remplacé l’internat (lol, mdr) et j’ai commencé à la chercher sur Deezer , itunes et Youtube. Pas mal de chansons de Died Pretty, toutes plus affreuses les unes que les autres, y étaient présentes, mais pas ma petite ritournelle.
Mais je n’ai pas laissé tomber. J’ai continué à arpenter les couloirs sans fin des sites de musique. Jusqu’au jour récent où j’ai pensé à la source même. Le site Myspace de Died Pretty ! Et là, Halleluja…Une apparition venue d’un autre temps, quelques notes de guitares tremblantes, une batterie nonchalante, une basse reconnaissable entre toutes et un orgue Hammond qui précèdent une voix dégueulasse de post ado rebelle.
Voilà, je tenais enfin mon Graal, cette petite chanson insignifiante que j’avais cherchée pendant plus de vingt ans…Les premières écoutes, je les faites les yeux dans le vague, envahi par les souvenirs et les sensations presque physiques que cet air me procurait quand j’avais dix-sept ans. Et puis au bout de trente passages, je dois bien avouer que l’effet s’est estompé. Mon premier amour avait pris un coup de vieux. Je me demandais même s’il avait jamais été jeune…Mais on ne devrait pas questionner nos souvenirs. Il faudrait savoir leur foutre la paix et ne pas les juger.
Voilà, j’ai trouvé mon Graal. Je sais, la chanson est faible mais je réclame l’indulgence. Ce n’est pas de musique dont il est question ici mais de ma jeunesse. Cette fois-ci ça y est, J’ai clos le chapitre, je referme la page.
http://www.youtube.com/watch?v=PXjoMEViDH0