Après avoir passé l’année le nez collé aux vitrines des librairies, à m’être énervé, souvent, en écoutant les critiques du Masque et la plume, à avoir lu des dizaines de livres dont certains étaient promis à toutes les récompenses, je me suis retrouvé un peu con, quand j’ai découvert, en décembre, le palmarès LIRE du meilleur livre de l’année. Selon eux, le top en 2012 n’était ni le dernier Modiano, ni le Olivier Adam, ni le Goncourt ni le Joël Dicker, que tout le monde a acheté.
Non, pour la rédaction de LIRE, et apparemment c’était unanime, le meilleur livre de l’année était « Le diable, tout le temps » de David ray Pollock. Jamais entendu parler ni du livre, ni de l’auteur…
Ni une ni deux, je me suis précipité dans ma librairie préférée pour trouver ce roman soit disant phénomène, dont j’avais gentiment ignoré l’existence. Rien à « P » comme Pollock, ni au département littérature étrangère, ni au rayon polar, encore moins en tête de gondole, moi qui m’attendait à en trouver des piles dans tous les coins avec le beau gros ruban rouge, celui qui fait vendre…
J’ai fini par demander de l’aide à la vendeuse et j’ai compris que ce chef d’œuvre supposé était quand même un peu passé inaperçu et que la distinction du magazine LIRE avait pris tout le monde de cours…rupture de stock totale et réimpression massive en vue.
Une semaine plus tard, la tête de gondole était bien là, bandeau rouge gigantesque barrant la couverture. La reconnaissance totale jusque dans les Relay H.
Mais alors bien ou pas ? Chef d’œuvre ou arnaque ?
Dès les premières pages, le ton est donné. Nous sommes au plein cœur de l’Amérique profonde. Au fond du trou, dans l’Ohio. Juste après la 2ème guerre mondiale. La pauvreté, la religion quasi intégriste, la Bible sur la table de chevet et le fusil toujours chargé . « Le diable tout le temps » prend aux tripes et dresse le bilan d’une Amérique névrosée et malade de ses valeurs.
Un grand roman brutal où les personnages se croisent et se recroisent. Le livre aurait pu s’appeler « A history of violence » comme le film de Cronenberg tant celle-ci est omniprésente et quasiment congénitale, transmise comme un unique patrimoine héréditaire, un héritage auquel on ne peut échapper.
Et si le Diable que David Ray Pollock évoque était l’Amérique elle-même ? Elle qui justifie tous ses actes par la volonté de Dieu, toujours prête à brandir la croix d’une main et le flingue de l’autre ?
« Le diable tout le temps » est un roman absolument majeur. Un livre qu’on pourrait dévorer d’une traite. A lire absolument.
David Ray Pollock « Le Diable, tout le temps », éditions Albin Michel
3 réponses à “David Ray Pollock – Le Diable, tout le temps”
C’est fort et bien écrit, sans fioriture et sans complaisance… Affreux, sales et méchants, tous les personnages le sont, presque un peu trop. C’est Zola qui croise Tarentino, un poil misérabiliste mais sacrément efficace. Et puis, rien que pour la maîtrise du récit jusqu’à la dernière page, on salue le talent de l’écrivain! (dont c’est le premier roman!) Chapeau, Mr Glauque!
C’est par ici que je suis entrée sur votre blog, et depuis, j’erre, j’erre, et j’adore!
Mais errez chère fée, errez !