6h41. Ou l’heure du Troyes-Paris du petit matin.
Mais qu’est-ce qui peut bien se passer entre Troyes et Paris à cette heure-là, dans un train quelconque, même pas un TGV, qui vaille la peine d’en faire tout un roman ?
Le pitch est simple, très simple. Un homme s’assoit dans un wagon, à côté d’une femme qu’il n’a pas vue depuis plus de 27 ans. Les deux amants d’alors s’étaient quittés fâchés, ne s’étaient jamais revus avant d’entrer dans ce train. L’intrigue, s’il y en a une, va consister à détricoter leur passé commun au fil des kilomètres et à envisager, pourquoi pas qu’ils se reparlent enfin et plus si affinités, avant que le train n’arrive en gare de l’Est.
C’est tout me direz-vous ? Eh bien oui, c’est tout. Et c’est déjà pas mal. Avec 6h41, Jean-Philippe Blondel décortique les rapports amoureux de jeunesse, observe à la loupe l’idylle naissante, la désunion et la trahison. Il dresse un bilan des années qui suivent la jeunesse, celles supposées de la plénitude et des choix assumés.
La fin de la quarantaine. C’est l’âge des deux protagonistes dans le roman. La jeunesse est partie. Les corps se sont fanés et la fraicheur n’est plus. Reste le charme. Inexplicable et qui opère encore. « Que reste-t-il de nos amours » ?
Même s’il est vraiment maitrisé et bien écrit, 6h41 ne sera pas le roman le plus marquant de l’année. Son propos serait plus adapté au format d’une nouvelle, voire d’une pièce de théâtre. Un peu symptomatique des derniers romans français que j’ai lus, un tout petit peu étriqué, il tourne en rond et ne parvient pas totalement à décoller.
6h41 , Jean-Philippe Blondel, éditions Buchet-Chastel