« Quand il songe à JDG, il voit parfois une sorte de cochon à poils blancs, vautré dans la luxure, des vierges aux seins de lait à ses pieds. »
C’est marrant. Alors que la presse se déchaine sur Marcela Iacub et son portrait à l’acide de l’ex-favori des sondages, je découvre ce roman paru à l’automne.
Visite présidentielle en Afrique. Le locataire de l’Elysée, Jean-Dominique Glock, dit JDG, est un président qui ressemble à s’y méprendre à une fusion cauchemardesque de Sarkozy et de Strauss-Kahn. Un chef de l’Etat qui a reçu Kadhafi en grandes pompes, qui fait de grands discours sur la fin de la Françafrique et qui collectionne les conquêtes. Un roi de l’esbroufe, champion supposé d’économie, une caricature qui en serait risible si elle ne rappelait pas des faits récents…
Nous sommes dans les pas du narrateur, un journaliste désabusé et aigri qui suit le cortège, de Tripoli à Yaoundé et qui prend part à sa dernière visite officielle. Un sexagénaire en fin de course qui déteste ses collègues, hait le président au point de vouloir le tuer et sent sa vie lui échapper, persuadé qu’il est atteint par un cancer de la prostate.
C’est à la fin d’une vie de merde que nous sommes conviés. Une vie passée à se tromper, à livrer les mauvaises batailles. La sensibilité fasciste du personnage n’est pas feinte mais elle est avant tout poussée par une forme d’aigreur qui prend toute la place. Un homme désenchanté que tout le monde fuit, écrasé sous le poids de la vie qu’il a refusé de mener, rejeté par ses pairs, par les femmes. Un homme seul à qui il ne reste rien, pour autant qu’il ait jamais possédé ou revendiqué quelque chose.
L’Afrique a le soleil triste et fatigué. Il ne se passe pas grand-chose, tout est ennui et attente de la fin. Ce monde ne vaut pas la peine qu’on se batte pour lui. Cynisme et fatalisme s’entremêlent au moment où le journaliste se penche sur sa vie qui se barre pour en dresser un bilan pathétique.
Pas facile d’être un vieux réac lucide…
Le fasciste et le président, Gérard Bon, éditions l’écailler