« Je ne peux pas vivre comme ça. Je ne peux pas vivre du tout, en fait. Qu’est-ce j’ai foutu ? Neuf années à faire semblant .»
Si vous ne lisez qu’un bouquin cette année, choisissez celui-ci, il vous nourrira pour les dix ans qui viennent. Un chef d’œuvre… C’est l’histoire de la fin du monde ou presque. Une vilaine grippe a fauché 99,9% des habitants de la planète. Ceux qui restent tentent de survivre. Et pour survivre, il faut tuer avant de se faire tuer.
Deux hommes défendent leur périmètre quelque part dans le Colorado, au milieu de nulle part. Images de Western post moderne, genre Mad Max ou The Road. On pense aussi à la scène d’ouverture du Bon, la Brute et le truand.
Les deux hommes forment un couple improbable. Un instinct de survie les unit. « Je dévisage mon seul ami sur terre. C’est mon ami j’imagine. »
Mais une différence fondamentale les oppose. Bangley ne négocie pas. Il élimine les intrus…quels qu’ils soient. Hig, le narrateur, lui vit toujours dans le passé. Il n’a pas renoncé aux relations humaines. Il s’interroge sur sa condition d’homme « Suivez la croyance de Bangley jusqu’à son terme et vous obtiendrez une solitude retentissante. Chacun pour soi, même pour gérer la mort, et vous arrivez à une solitude complète. L’univers et vous. Les étoiles froides. Comme celles qui s’estompent, en silence, pendant que nous marchons. Croyez en la possibilité d’un lien et vous obtenez autre chose. »
Hig est poète contemplatif, pas assez dur pour ce nouveau monde. Il se promène avec son chien Jasper, le seul lien qui lui reste avec son histoire. Tous les deux, ils parcourent la montagne, observent la rivière, pêchent en observant le vent et les arbres. A bord de son vieux Cesna de 1955, Hig survole le monde désolé et rêve.
Et puis un jour, il part et une autre vie commence.
La constellation du chien est un roman bouleversant, du genre qui vous fait mordre votre lèvre inférieure pour ne pas pleurer. C’est aussi un roman sur le deuil, sur l’extraordinaire force des relations humaines. Une magnifique histoire d’amour aussi qui évoque parfois « Amour » le film de Haneke. La constellation du chien un coup de maître dont je vais mettre un peu de temps à me remettre. Et en plus c’est le premier roman de l’auteur…A vous décourager d’écrire. Superbe.
La constellation du chien, Peter Heller, Actes Sud.
2 réponses à “La constellation du chien – Peter Heller”
Parfaitement d’accord: magnifique roman (dont je parle ici: http://essaipat.wordpress.com/2013/09/08/la-constellation-du-chien-de-peter-heller-aux-ed-actes-sud/)
[…] Mon coeur a raté un battement et j’ai franchement regretté que ça s’arrête. Emmanuel avait beaucoup aimé […]