On me dit que les Pixies ne sont pas morts. En tout cas pas enterrés. On les avait accueillis Doc Martens aux pieds, chemises de bucheron trop petites et bières tièdes à la main quand ils s’étaient reformés il y a neuf ans, pour une tournée qui sentait bon les agios, les traites en retard et le besoin de cash immédiat…J’étais au Zénith et j’avais sué velu.
On les avait aperçus ensuite, en tête d’affiche des gros festivals d’été, courant le cacheton, sans doute un peu déçus d’en être à nouveau là, obligés de faire face à des rockeurs rangés, sur le retour, et à des boutonneux plus acnéiques que les plus jeunes de leurs neveux. Kim Deal trainait ses kilos superflus et son ennui taille XL dans un coin de la scène, Joey Santiago et David Lovering faisaient le boulot en rythme, en regardant ailleurs, alors que Black Francis occupait tout l’espace comme au bon vieux temps. Un come-back qui sentait déjà un peu le réchauffé, la tournée sanitaire, le Best-of Tour d’un groupe passé (et dépassé ?). Les Pixies pouvaient-ils encore redevenir une force vive ou étaient-ils condamnés à n’être plus qu’un combo d’ancien combattants, estampillé punk-rock des années 90 ? Un truc de vieux qu’on irait voir avec un pull Lacoste sur les épaules, pour se rappeler le bon vieux temps, celui de la jeunesse, de l’insouciance et de l’énergie perdue à jamais ?
Les Pixies étaient morts et j’adorais visiter leur tombe, à grands coups de mp3, Debaser, Where is my mind, something against you ou Jean-Marc (la deux de Bossanova).
Aujourd’hui, les Pixies ont décidé de revenir. Façon zombie. Non sans avoir annoncé le départ de Kim Deal (ou son fantôme) au mois de juin. Ils reviennent avec un single, Bagboy, que je me suis empressé d’écouter, sans doute armé d’une mauvaise foi sans nom, tellement l’entreprise me paraissait malhonnête à la base. Pourquoi ai-je toujours l‘impression que ces gens-là n’ont plus envie de faire de la musique ensemble ? Je n’en sais rien mais je n’arrive pas à y croire…Je ne sens aucune sincérité dans le projet. Je me dis que l’omnipotent Black Francis vendra mieux ses disques et remplira plus de stades sous le nom de Pixies que de Franck Black…Une entreprise de marketing. Intelligente et cynique à souhait.
J’aurais adoré me tromper à l’écoute de bagboy, retrouver la fraicheur de leurs début, une certaine forme de gratuité dans l’effort. Là, je ne vois que calcul et manque de sincérité.
Mais peut-être que c’est moi qui suis cynique et pas Black Francis. Peut-être que c’est moi qui ai vieilli et pas les Pixies. Peut-être que ça m’emmerde de voir mes idoles de jeunesse s’embourgeoiser. Peut-être aussi que ça m’emmerde de m’être embourgeoisé en même temps qu’eux.
Allez, Adieu Doolittle…moi qui t’ai tant aimé.
2 réponses à “Pixies – Bagboy”
Je te jure que le morceau est très bon, il faut juste le réécouter trois ou quatre fois.
Tout à fait d’accord avec toi. Debaser, Hey, Were is my mind, crackity jones… Je les écoute encore souvent très fort (c’est meilleur)
Un retour très décevant.