Un jour à Seattle. Un jour de pèlerinage dans la ville rock par excellence. Les générations précédentes, celle des premiers anciens combattants du rock, se retrouvaient à Nashville, Tennessee, pour célèbrer le fantôme d’Elvis et de tous les pionniers du rock. Pour ma génération, ceux qui avaient vingt ans quand Nevermind est sorti dans les bacs il y a vingt-deux ans…et oui, Seattle est LA ville rock, celle où tout a continué, celle où le grunge est né.
Samedi dernier, Vancouver, 7 heures du matin. Je réveille Alex, 11 ans, pas grunge. Lui, ce qui le motive c’est la journée aux USA. Bannière étoilée, MLS, burger à midi, perspective d’un mini road trip papa fiston. 7:30, en route pour l’aventure…rien à craindre, 227 km d’autoroute entre les deux grandes villes. 227 km et…une frontière. L’oncle Sam est certainement accueillant… mais il se fait désirer. Passage des voitures au compte-goutte, douaniers issus d’un croisement avec Robocop…Les USA sont différents du Canada.
L’autoroute maintenant, Highway 5, toute droite, pas un virage. Des villes à droite et à gauche, des malls mais aussi des sapins et des lacs ici et là. La silhouette du Mont Baker en fond d’écran. L’Etat de Washington est surnommé « The evergreen state ». A cause des forêts bien sûr, mais aussi de la pluie, jamais loin. Alex dort à côté de moi.
Seattle. La ville est étendue, grouillante. Là aussi, on est loin de Vancouver. De loin se détache la Space needle, sorte Tour Eiffel locale. La ville est très sympa, typiquement américaine, immeubles en briques rouges, escaliers de secours à la New-Yorkaise. Le burger tant attend arrive. Petit resto dans le quartier des pionniers. Il doit y avoir un match cet après-midi, le pub est rempli de fans qui portent des maillots flanqués d’un nom, Griffey, et du numéro 24. NFL, MLS, Baseball, avant d’être une ville rock, Seattle est d’abord une ville américaine. Le samedi, jour de match, le sport est dans la rue. Les stades sont à deux pas. Aujourd’hui,c’est baseball, les Mariners de Seattle reçoivent les Milwaukee Brewers et la ville est en ébullition. Le match aura lieu dans l’après-midi et sera suivi par la présentation de Ken Griffey Jr au Hall of Fame du baseball. Un autre monde.
Alex et moi déambulons dans les rues ensoleillées. La ville est très agréable…et très rock. Ambiance sweat à capuches, skateboard, tee-shirts de groupes Black Flag, Fugazi, Nirvana, bien sûr, Mudhoney. On y est, pas de doute. Mais moi ce que je veux voir, c’est Sub Pop ! LE label grunge par excellence, celui qui a découvert Tad, Nirvana, Sebadoh, Soundgarden, les pionniers du grunge. Adresse en poche, nous arpentons les rues. 2013, 4th avenue. Let’s go. Je m’attends à une belle enseigne, un truc qui rendra bien en photo, et puis il y aura sûrement un petit magasin où je pourrai faire le plein de tee-shirts !
Que dalle…l’adresse est bonne mais la déception réelle. Un pauvre sticker sur la sonnette… Tant pis, on se vengera !
Direction l’EMP , l’Experience Music Project. Un musée dédié au rock et à la science-fiction.
Expo Jimmy Hendricks, les femmes du rock, plusieurs salles et une atmosphère, rebelle, subversive…Et puis, enfin, le bonheur, la récompense. Une grande expo dédiée au grunge, à son influence et ses racines. Beau à pleurer. Autour de moi, quelques anciens combattants, passionnés comme moi, par les citations de Ian McKaye (Fugazi, Minor Threat), par les analyses geo-sociologiques autour des origines des mouvements alternatifs aux US, par les dizaines de photos, les reliques, les concerts à écouter…Un bonheur.
Fin d’après-midi, sur les quais, bondés. Un dernier verre avec Alex qui arbore fièrement son maillot des Sounders FC (pas réussi à la convertir au hardcore…). Vue sur les eaux bleues du pacifique. Au loin, un Sound system balance un concert de Soundgarden, Râpeux.
Un ferry embarque voitures et passagers. Direction l’Alaska, « La dernière frontière ».
On est loin ici, on est loin…
Retour vers le nord, vers le côté cool de la frontière. Une belle journée de pélerinage. Un seul regret, je n’ai pas trouvé un seul t-shirt à mon gout. Finalement, Seattle, c’est un peu comme Lourdes, les boutiques de souvenirs en moins.