Une expérience sur le temps. Un peu comme dans Retour vers le futur…mais sans les baskets blanches et le brushing années 80 de Michael J Fox…
Le temps existe-t-il ? La question peut quand même donner mal au crâne.
« -Le temps ne passe pas, mais tout le reste passe. La nature, la matière. L’humanité. Mais pas le temps, le temps n’existe pas. » Il exposa sa théorie bizarre avec calme et patience, comme un vieil instituteur qui ressasse un sujet rebattu à une nouvelle classe ».
Un lotissement, un quartier résidentiel près de Neuchâtel. Un homme, Peter qui s’est arrêté de vivre quand sa femme, Laura, a été assassinée un an plus tôt. Un homme qui fait tout pour prétendre qu’elle est toujours là. Qui lui allume ses cigarettes comme si elle allait les fumer, qui diffuse son parfum dans les pièces de leur appartement. Qui refuse de la laisser partir.
Peter entre en contact avec son voisin, Knupp, un vieil homme taciturne, veuf lui aussi, qui passe son temps à la fenêtre. Les deux hommes solitaires vont se rapprocher autour d’une idée folle, la seule qui vaille encore la peine de vivre pour eux : Nier l’existence du temps et tenter de retrouver l’épouse de Knupp en revivant sa dernière journée.
Un quête obsessionnelle, une mise en place méticuleuse alors que Peter, lui ne pense qu’à une chose, retrouver l’assassin de sa femme et le tuer.
Le temps, le temps est un roman étrange, intime, qui flirte avec le fantastique. C’est une histoire d’amour aussi, un beau roman sur le deuil et la perte « Pouvoir se taire ensemble, avait un jour remarqué Laura, témoignait d’une plus grande harmonie que parler ensemble».
Martin Suter, en dépit de quelques longueurs et d’un côté méthodique qui, même s’il sert son propos, peut parfois ennuyer légèrement, parvient à nous entrainer dans cette quête irréelle. Un drôle de roman atypique, très maitrisé, comme tous les romans de l’écrivain suisse.
Bon, J’ai trouvé cette citation d’Andy Warhol, qui vient contredire la théorie du livre « On dit que le temps change les choses, mais en fait le temps ne fait que passer et nous devons changer les choses nous-mêmes » .
Ça y est, j’ai mal au crâne…
Le temps, le temps, Martin Suter, éditions Christian Bourgeois