Nue – Jean-Philippe Toussaint

 

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Encore un des livres phares de la rentrée. Un des trois romans célébrés avant l’heure par le magazine Transfuge et promis à un avenir primé.
Jean Philippe Toussaint et sa série Marie Madeleine Marguerite de Montalte, je connaissais déjà. Je l’avais prise à l’envers, commençant par Fuir en 2005, adorant cette histoire de narrateur délicat, pas vraiment maitre des événements, les dits évènements se concentrant autour de l’image omniprésente de Marie, égérie moderne, se baladant entre Paris le Japon et l’île d’Elbe. J’avais donc pris l’affaire à rebours me rattrapant ensuite avec la lecture de Faire l’amour, paru en 2002, faisant l’impasse sur La vérité sur marie (que je lirai donc plus tard) et terminant l’histoire hier soir avec les dernières pages de Nue
Un étonnant portrait de femme au long cours, un portrait amoureux, fasciné, au ralenti. Peu d’auteurs savent décrire avec autant de lenteur, autant de précision aussi. Parfois troublant, vaguement ennuyeux par moments, globalement très juste et attachant.
Marie est une femme insaisissable, un électron libre, brillant, une présence éphémère, qui éclaire, qui éclabousse et qui fait mal, parfois. « Marie, femme de son temps, active, débordée, et urbaine, qui vivait dans les grands hôtels et traversait en coup de vent des aéroports en trench-coat »
Le narrateur ne vit qu’à travers elle, attendant pendant des heures, penché à sa fenêtre, qu’enfin elle réapparaisse. « Où étais-je alors ? Où- si ce n’est dans les limbes de ma propre conscience , affranchi des contingences de l’espace et du temps, à invoquer encore et toujours la figure de Marie ? ». Et puis soudain, Marie revient, plus fragile. C’est l’hiver, l’heure du deuil. Ses certitudes, sa superbe s’éffritent. L’île d’Elbe sous la pluie, sans les lumières de l’été. Il fait froid et humide, jusque dans les chambres des hôtels désertés par la vie. Marie ne quitte plus son manteau, elle qui n’aimait que se promener nue. C’est l’hiver et Marie s’ouvre enfin, vraiment. Le printemps reviendra et il sera très beau.

Nue, Jean-Philippe Toussaint, Les éditions de Minuit

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