Un très beau roman. Un parcours de femme écrit par une femme. Le récit d’une vie à travers les yeux d’ une petite fille, Lili, abandonnée par sa mère à l’aube de ses un ans. Une mère qui disparait et puis qui meurt et enlève à jamais l’espoir fou des retrouvailles. « Le jour où son père lui annonce la mort de cette inconnue qui lui est d’une intimité lancinante et dont elle attend le retour avec une patience inébranlable, elle ne dit rien, ne demande rien, elle court faire de la balançoire à en perdre le souffle ».
Une plaie béante, une cicatrice que l’enfant porte toute sa vie, témoin autant qu’actrice d’une existence qu’elle ne peut vivre pleinement, elle qui s’interdit d’aimer, de peur de souffrir un peu plus. « L’amour, ce mot ne finit pas de bégayer en elle, violent et incertain.—L’amour, un mot hagard ».
Lili court après son père, après ses sœurs d’adoption, sa mère d’adoption. Elle regarde les uns et les autres trébucher, s’éloigner, souffrir de l’absence, du manque d’amour, le point commun de tous ces personnages. Elle les regarde, eux et leurs frustrations, elle les observe, elle l’insignifiante, et elle oublie de vivre de peur de s’exposer un peu plus au danger permanant de la souffrance et du manque.
Tout vient de la blessure initiale, celle qui suppure et ne guérira pas. L’abandon maternel, destructeur, une blessure impansable. » Et après, que se passe t’il après ? Après, on va où, on devient quoi ? »
Je me suis vraiment laissé embarquer par ce récit au style magnifique, fluide comme un poème en prose. Les chapitres, ces petites scènes capitales, se suivent, courtes, concises et justes. Lili l’enfant, grandit sous nos yeux, devient une jeune fille, puis une femme. Dans les ruines de son passé, alors que tout s’efface, elle cherche la paix à défaut du bonheur.
Un grand livre.
Petites scènes capitales, Sylvie Germain, éditions Albin Michel
2 réponses à “Petites scènes capitales – Sylvie Germain”
[…] saisie dès les premières phrases. Beaucoup d’avis sur les blogs, j’aime celui du Tour du nombril, et j’aime beaucoup son évocation d’un poème en prose – très juste selon moi. […]
Certains de mes camarades du Prix des lecteurs Poitou-Charentes le défendront sans doute, comme vous, mais pour la part, je suis restée très sceptique… http://vdujardin.com/blog/germain-scenes-capitales/