J’adore les histoires qui se déroulent dans un futur proche et qui jouent avec nos angoisses existentielles…Non, j’adore vraiment, je ne déconne pas. Il suffit d’un pitch faisant état d’une fin du monde proche, choisissez votre fléau (pollution, pandémie, explosion nucléaire) ,pour que je tende l’oreille et lève les yeux. Ça marche au cinéma, bien sûr. J’avais adoré la première partie de Je suis une légende, quand Will Smith se balade dans un Manhattan abandonné avec son chien, fusil à la main près à dégommer les biches qui déambulent entre les buildings. J’avais adoré Le fils de l’homme d’Alfonso Cuaron (le petit gars qui vient de faire Gravity), et que dire de Mad Max (le premier)… Ça marche aussi en littérature. Peu de livres m’ont autant touchés que The Road de Cormack Mc Carthy, En un monde parfait de Laura Kashischke ou cette année La Constellation du chien de Peter Heller. Le ressort est plus ou moins le même à chaque fois. Tout le monde est mort ou presque. En quelques semaines, les codes établis s’effondrent, du chaos nait une forme d’anarchie destructrice ou un ordre nouveau, autoritaire, bien sûr. Toute la problématique tient alors dans la capacité du scénario à laisser entrevoir un espoir. Je plonge à chaque fois.
Snowpiercer, Le Transperceneige (ouais…on va plutôt garder le titre anglais, non ?) L’affiche, géniale. Futuriste, apocalyptique, j’adore. Et l’accroche ! « 2031. Nouvelle ère glaciaire. Le dernier refuge de l’humanité est un train ». N’imp !! Top !!
Bref nous voilà installés à bord de ce train qui fait le tour de la terre à toute vitesse avec à bord, les seuls survivants de cette nouvelle ère glaciaire qui a tout nettoyé sur son passage. Manifestement nous sommes chez les pauvres, outrageusement grimés sales et vêtus de haillons. Enfermés dans des wagons sans fenêtres, entassés les uns sur les autres, persécutés par de vilains soldats tout propres qui n’arrêtent pas de les compter.
Un insoumis. On le repère dès les premières images. Une tête de Bob Morane meets XIII, meets Michel Vaillant. Bref une tête de BD. Pas étonnant parce que Snowpiercer est avant tout une BD. Tout s’explique. Y compris le côté caricatural, voire cartoonesque de cette petite société.
On découvre que les wagons de queue sont ceux des pauvres. Qu’ils n’ont pas accès à l’avant du train. Que plus on avance vers la tête du Snowpiercer plus on occupe une place élevée dans cette société. Une allégorie de nos castes sociales. Alors notre Bob Morane se rebelle et commence à remonter les wagons à grands coups de hache (oui, dans cette société fermée, on négocie à la machette). Alors ça bataille, ça hémoglobine dans un décor de Tintin au Tibet. Plus notre Michel Vaillant du pauvre remonte le train, plus il découvre un monde étonnant. Certaines scènes rappellent l’univers de Tim Burton. Les images sont fortes, le film regorge d’idées dingues.
Snowpiercer est avant tout une prouesse technologique. Le film a des défauts, les personnages sont caricaturaux, les dialogues sont faibles mais le scénario et les images souvent incroyables justifient largement qu’on se laisse embarquer dans cette folie ferroviaire pas du tout sponsorisée par la SNCF…