Crush – Guillaume Rébergues

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« Ça va juste saigner un peu »

Un ovni au coin de ma rue. Ça s’est passé comme ça. Dimanche dernier, à l’heure de la messe, la librairie l’Etabli organisait son salon des écrivains d’Alfortville au beau milieu du marché, entre les courgettes, les aubergines, les fripes et autres quincaillers ambulants. Pas de fausse modestie, mais on pouvait quand même légitimement s’inquiéter quant à la qualité de cette réunion, après tout, Alfortville n’est pas Saint Germain des Prés, aucune des vedettes de la rentrée littéraire n’allait pointer le bout de son nez et je faisais même partie desdits écrivains invités. C’est dire.

Assis à ma table, une dizaine d’exemplaires des Kanyar 1 et 2 devant moi, je voyais défiler les passants, expliquais, racontais entre deux cafés. Je ne le dirai jamais assez mais Alfortville est une ville vraiment conviviale. Mon voisin de table avait lui aussi déposé ses livres devant lui. Un court roman, Crush, qu’il venait de publier. Quelques cafés plus loin dans la matinée, monsieur le sénateur-maire était déjà passé, la fin de la messe approchait, nous nous étions dédicacés nos livres après avoir longuement discuté.  Il ne me restait plus qu’à rentrer chez moi à quelques rues d’ici et ouvrir ce Crush. J’avais bien entendu les avertissements de Guillaume aux alfortvillaises curieuses attirées par sa couverture à l’inspiration BD…Oui ce roman était cruel, oui il se terminait mal…

Crush est un ovni. Les premières pages tirent le portrait de plusieurs familles gentiment Beauf aux noms ultra franchouillards, ça sent le « Affreux, sales et méchants », la mesquinerie ordinaire, la frustration ménagère, l’ennui gris et gras. Puis tout se met en marche au même moment dans un accident Big Bang banlieusard qui transformera à jamais la vie de tous ces personnages vaguement pathétiques. Avant le crash, la vie était grise, après le crash, elle devient un feu d’artifice d’horreurs en tous genre. Un cauchemar, une sorte de conte à l’envers, comme si Grimm et Andersen avaient abusé de substances illicites.

Evelyne Lantoubion le sait, apprendre la vie, c’est apprendre à devenir mauvais.

Un gamin vend sa mère et sa sœur défigurées par l’accident: Ce directeur d’un cirque ambulant se délecte des victimes de la route et des maladies rares. Son spectacle des horreurs, extrêmement populaire, fait tellement d’émules qu’un véritable marché noir existe. Bien sûr, le crime ne paie pas et le gamin devient lui-même un esclave.

Evelyne qui vivait heureuse aux côtés de son mari défunt (oui déjà…), se rend compte qu’il la trompe post-mortem avec la voisine, qu’elle décide donc de découper en petit morceaux…

Janine devient un cobaye, mi-robot, mi-légume…

Bref, ce roman est un objet inclassable, un mystère qui commence dans un style un peu Pennac Malaussène et qui vire au total cauchemar tout en restant absolument jouissif.

Je revois Guillaume avec son petit café dimanche dernier et je me dis qu’il cache bien son jeu quand même…Et qu’Il a dû essuyer une sacré tempête de cerveau pour accoucher d’une telle histoire.

Une vrai belle surprise en tous cas. On trouve parfois des trésors sur le marché.

Crush, Guillaume Rébergues, éditions autres-talents.fr

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