C’est désormais un rendez-vous, presque une tradition. Vacances de février, nuages, grisaille, visages pâles d’un côté, pré-ado, épaules basses, casque sur les oreilles de l’autre. L’occasion rêvée de découvrir des chez d’œuvres auxquels je n’aurais pas même l’idée de m’approcher sans la présence de mon rejeton de douze ans.
Dimanche après-midi, pluie, nuit tombante, même pas peur, allons-y, direction la grande salle pour un programme familial, laminé par la presse. Note moyenne sur allociné : 2/5…ça promet. Mais moi aussi, je suis de la génération des gallinettes cendrées, des Youpi matin (j’ai beau être matinal, j’ai mal) et autres Romano Sucarescu. S’il me reste une once de pitié, je l’accorderai aux Inconnus en souvenir de MON adolescence. Je m’attends au pire. Les promos télévisuelles des derniers jours sentaient l’ennui à crever, le calcul marketing, financier, tout ce que vous voulez mais certainement pas la fraicheur. Rien qu’à voir le visage de Didier Bourdon on sentait monter un léger malaise…Je m’attendais à un summum de cynisme mercantile dans la même veine que Les bronzés 3 qui avaient fait injure à la mémoire du planter de bâton.
Mais on ne peut pas être déçu quand on s’attend au pire. Je me suis donc surpris à me marrer. Plusieurs fois. Parce que même si les gags sont ultra convenus et le scénario consternant, les trois Inconnus parviennent quand même à retrouver une certaine fraicheur (et oui…) et la salle se marre.
Pas de répliques cultes à espérer, on n’en est plus là non plus. Qu’on se le dise, Les Inconnus appartiennent au passé…Mais ils ne lui font pas injure non plus. On les reconnait dans leurs pitreries. C’est un peu comme retrouver un pote après des années. On vit un peu sur nos souvenirs à défaut de réinventer l’histoire. Bref, un divertissement familial pas plus nul qu’un autre…
C’est déjà tellement mieux que ce qu’on pouvait craindre….
Semaine pré-ado suite…Il faut bien occuper la bête entre les repas.
J’ai réussi, mais ça a été difficile, à éviter une bleuette avec Max Boublil…c’est déjà ça. Il grandit mon post-bébé parce qu’il y a encore quelques mois, il n’aurait pas choisi ça…RoboCop. Mais…RoboCop… C’est un truc qui a au moins vingt-cinq ans ! Paul Verhoeven, c’est ça ? Basic Instinct, Total Recall ? Non, un remake. Mais à quoi ça sert de faire un remake de RoboCop ?
Trop de questions. Assied-toi et bouffe ton popcorn. En silence si possible. Non c’est pas possible apparemment.
RoboCop donc. Bienvenue dans le futur proche, au cœur d’une Amérique post moderne, plus conservatrice que jamais, plus repliée sur elle-même que jamais, presque fascisante, où la peur de l’autre, de l’étranger, justifie tous les excès sécuritaires. Samuel L Jackson en Grand Prêtre d’une télévision réactionnaire fait l’apologie des robots, parfaits remparts armés contre les terroristes d’où qu’il viennent (en l’occurrence, dans un futur proche, Les USA semblent avoir envahi l’Iran…et nettoient les rues de Téhéran à l’aide de robots patriotes pas commodes). Mais l’Amérique, à qui il reste un fond de conscience, est réticente à la mise en place de ces humanoïdes sur son territoire. C’est là qu’intervient le bon Docteur Norton (Gary Oldman qui commence à bien porter son nom) qui sait réparer les amputés façon Steve Austin…Il va recueillir un flic presque mort, Joel Kinnaman, et va lui redonner la vie sous la forme d’un Robot humain. Mais le méchant (très méchant) Mr Sellars (Michael Keaton, demander Julien Lepers) rôde, qui veut faire de ce RoboCop une machine sans âme. Donc plus efficace. Car c’est bien connu, la compassion nuit à l’efficacité.
BREF, tout ça, tout ça, on tire dans tous les coins, notre RoboCop, d’abord plus proche de la machine que de l’homme, se rebiffe, se souvient qu’il a une femme et un fils, et commence à péter la gueule à tous ceux qui lui ont volé sa vie. Au final, l’homme triomphe de la machine et c’est tant mieux.
Que dire ? Là encore, c’est bien foutu mais c’est la moindre des choses, on est à Hollywood quand même. Aucun des clichés attendus n’est épargné mais là encore, on n’est pas chez Alain Resnais. Donc, si l’histoire est sans surprises, si la morale politique tient plutôt la route malgré un côté gros sabots, si l’autocritique et le regard que les USA portent sur eux-mêmes est intéressant, on ressort de ce RoboCop divertis, rassasiés, comme après un bon Mc Do. Parce que c’est pas mauvais un bon Mc Do…Il y a des jours Mc Do. Il faut savoir les reconnaitre. On n’est jamais déçu par un Royal Cheese parce qu’on connait sa saveur avant de le commander. Bah c’est un peu pareil avec un Blockbuster américain. Il faut pas en abuser, c’est tout.