Terminus mon ange, un petit livre étrange et envoutant. Un roman court, presque une longue nouvelle. Un moment suspendu, le voyage intérieur d’un esprit qui cherche à s’échapper, qui voudrait penser que la vie est ici, à bord de ce train, dans les yeux et les mains de cette charmante passagère qui est assise dans le même compartiment que lui.

Un homme en fin de parcours, en fin de cavale, une main sur le revolver l’autre sur le cœur. Une histoire de huis clos dans un train et puis au bout, un terminus.

Terminus mon ange est un épilogue qui fait l’impasse sur l’histoire rocambolesque qui l’a précédé et qu’on devine à travers quelques indices . Un tour de force. Lilian Bathelot joue avec son lecteur, l’assoit à côté du narrateur, dans ce wagon presque vide, l’amène sur une fausse piste, Sans rien laisser paraître, je soupesais les chances que j’avais de jouer un peu avec elle avant la fin du voyage. Regards croisés, fuyants, inquiétude légitime. L’homme observe la passagère comme un prédateur dissèque sa proie. L’auteur installe une tension silencieuse entre les deux personnages, tout juste rythmée par les clac clac du train.

Puis le récit déroule son fil, l’homme évoque les faits. A peine. Il voudrait ne plus penser, il voudrait que son esprit lui foute la paix et que ce train l’emmène loin. Parce que ces moments étaient exceptionnels, pour sûr, une existence qui touche à son terme, ça sort de l’ordinaire, quoi qu’on puisse en dire.

Je ne peux pas raconter la suite, ce serait trahir ce texte fort, cet anti-polar noir et aérien, lent et précis comme un ralenti, magnifiquement écrit comme un rêve éveillé.

J’ai lu Terminus mon ange d’un seule traite. Quand j’ai terminé, j’ai refermé le livre, j’ai laissé le narrateur sur le quai mais je ne suis pas encore descendu du train.

Terminus mon ange , Lilian Bathelot, éditions la manufacture de livres.