J’avais pas envie. J’aurais pas dû. Saloperies de Bandes annonces, toujours trop longues qui nous dévoilent beaucoup trop, qui ne laissent la place à aucun mystère. Deux fois je l’avais vue au cours des dernières semaines. Deux fois j’avais vu Marion Cotillard nez rouge, yeux gonflés, battant le pavé, tentant de convaincre ses collègues wallons de renoncer à leur prime pour qu’elle ne perde pas son job.
Et puis j’avais écouté les critiques, beaucoup trop aussi. Et j’étais déjà vaguement énervé par le consensus qui se dégageait de ce film aux accents sociaux dont on disait qu’il aurait dû avoir la palme à Cannes. J’aurais pas dû.
Le pitch est simple, il tient en une phrase. Sandra Cotillard perdra son travail lundi si elle ne parvient pas à convaincre ses collègues de renoncer à leur prime de 1000 euros. Le patron a décidé. On peut faire le travail à 16, se passer d’elle. Si on la vire, les autres toucheront la prime. Simple. Ils ont déjà voté, ils veulent la prime. Alors Sandra va aller voir chacun d’entre eux et tenter de les faire changer d’avis. Elle aura 2 jours et une nuit pour y parvenir.
Plus que le fond – qui pourrait critiquer le fond ?- c’est la forme qui me gêne. Un compte à rebours à l’envers. Encore 10, encore 9, 8, 7, 6 à voir… Encore 5,4,3 collègues à qui il faudra qu’elle explique, réexplique sa situation et autant de pauvres gens qui lui diront oui. Ou Non. Parce qu’ils en ont besoin de cette prime, parce qu’ils ne peuvent pas faire sans, pour payer les études du gamin, la terrasse ou autre chose. Un côté répétitif assumé mais assommant qui m’a vraiment fatigué.
Cotillard termine le film ou presque en s’adressant à Jean Marc (olivier Gourmet), un contremaitre salopard ordinaire à la Uriah Heep « Vous n’avez donc pas de cœur ». Bah si pourtant ma bonne dame, je crois bien que j’en ai un mais il ne vibre pas pour ce genre de choses, il déteste la caricature et les bons sentiments et a tendance à fuir quand le panneau est trop gros de peur de tomber dedans. Oui, je sais que je nage à contrecourant mais les ficelles m’ont parues grosses, très grosses, la Wallonie laide, très laide, le patron con, très con, le contremaître salaud, très salaud. Non je n’ai pas vibré devant ce film social à la Mike Leigh ou Ken Loach. Je sais, il y a une autre dimension au film, beaucoup plus intime qui touche à une certaine forme de rédemption. Sandra se relève à peine de sa dépression et son combat pour son emploi relève plus d’une lutte pour sa vie, pour une raison d’être que pour un job et une boite dont elle ne veut plus vraiment.
Mais ça ne m’a pas touché. Et j’en suis presque désolé.
2 réponses à “Deux jours, une nuit – Jean-Pierre et Luc Dardenne”
Ils avaient l’air fan du film ce soir au Masque ! 😉
Oui ! on a écouté en rentrant vers Paris hier soir. Il n’y a que Eric Neuhoff qui ait trouvé ça moyen. Il développait d’ailleurs des arguments pas très éloignés des miens…