Extroduction suite .La belle trouvaille. Oui j’aime les décollages en fin de session. Je suis un adepte du bouquet final, moi qui étais apeuré par les feux d’artifices quand j’étais gamin (Jusqu’à 17 ou 18 ans, maintenant ça va mieux). Alors j’ai poursuivi l’inventaire. J’en ai trouvé dans tous les styles à part le pur punk qui par définition n’est pas très contemplatif. Pas d’extroduction chez les Ramones ni chez Bad Religion. Pas le temps. Des chansons de deux minutes, sans introductions ni fin. Un cent mètres, à fond, à fond, on réfléchira plus tard. Ou pas. Qu’on ne se méprenne pas pour autant, j’adore le Punk Rock et son côté quicky sans préliminaires…
Mais l’extroduction n’exclue pas le hardcore pour autant. Extroduction ne rime pas nécessairement avec longues plages éthérées, musique Lounge ou post hippie, cônes de deux mètres de long, fumés autour de feux de camps hantés par des odeurs de pieds en sueur dans des sandalettes pas clean. Prenez les Thugs par exemple, bien entendu le meilleur groupe français de tous les temps (sans chauvinisme, aucun). A l’époque, certains les ont assimilé au punk. Pour moi, s’ils en étaient parfois proches au niveau de l’esprit, leur musique allait beaucoup plus loin que le côté one, two, three, four des purs punks. Les Thugs, derrière la violence de leur musique, cachaient autre chose, une face plus torturée et intime que sublimait la guitare rythmique de Thierry Méanard. Un son lancinant, lourd et répétitif, façon tronçonneuse qui faisait bouger la tête en rythme et communier le public. Les Thugs, sur scène avaient souvent la tête baissée. Leur hardcore était grave et introverti. Ils regardaient leur pieds, se balançant d’avant en arrière, jambes écartées, guitares et basses au niveau des genoux. Pas de sauts dans le public, Peu de jeux de scènes, pas d’artifices. Pas de sourires. Le déluge dans ta gueule. T’étais venu pour ça, tu savais que tu allais manger. Le climax, c’était les solos, on pense à la fin de Little Vera’s song ou Biking. Frissons systématiques et sensations incomparables…En matière d’Extroduction, je retiens I love you so et sa fin héroïque à partir de 2:30, un morceau de bravoure typique du groupe, trois minutes à se casser les vertèbres cervicales à force de pigeonner compulsivement au rythme des tronçonneuses.
Et puis pour illustrer le propos, une version live (enregistrée en dolby grille-pain), qui illustre parfaitement l’attitude particulière du groupe. Tous quasiment pliés en deux sur leurs machines.
Dans un autre style, tout aussi hardcore, quoique beaucoup plus expérimental, Sonic Youth, qui aura mis beaucoup d’énergie à saboter un grand nombre de ses titres, qu’ils jugeaient sans doute beaucoup trop vulgairement pop, en massacrant leur fins de chansons à grands coups de larsen inaudibles. Quelques exceptions bien entendu et notamment Cross the breeze, tiré de l’album Daydream nation. Une montagne punk gravie par échelons, avec des ponts magnifiques, des vues imprenables, des montées et des descentes et puis cette fin rare, apaisée, sereine. Deux versions. Celle de l’album et puis un concert, qui même s’il est filmé avec les pieds, retranscrit très bien l’esprit de leurs prestations scéniques.