Les vents de Vancouver – Kenneth White

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Je suis parti vers le nord, puis le nord-est, le long des falaises qui bordent la côte.

Puisque la Toscane ne veut décidément pas sortir de sa semaine écossaise, et que nous n’avions pas prévu les cirés, les enfants, les trois, le nez collé à la vitre, regardent tristement la piscine en contrebas se remplir d’une pluie que personne, même pas la Evelyne Dhéliat locale n’avait vu venir.

Les yeux perdus dans les nuages trop gris et trop serrés, je vise au-delà, bien au-delà, non pas la lune (RIP Amel Bent…Ah non on me dit qu’elle chante encore), mais les antipodes. Retour à Vancouver sur les bords du Pacifique pour un voyage de rêve, la remontée lente de la côte déchirée de la Colombie Britannique, jusqu’à l’Alaska.

C’était il y a un an déjà, notre petite troupe se perdait avec bonheur dans les bras de mer de la Sunshine coast et de Clayoquot sound, remontant la route jusqu’à son terme – Lund, BC, bout du monde !- prenait le ferry à Powell River un petit matin bleu et disait adieu au grand nulle part du nord, qu’on devinait au loin depuis le ponton du ferry. J’étouffais un soupir de frustration alors que les Les Monts Monarch, Waddington et Ratz triomphaient à l’arrière, là où la route ne passait plus. Pour découvrir ces mondes inexplorés ou presque, il faudrait que je revienne quand je serais grand et que je remonte cette côte comme l’a fait Kenneth White, jusqu’en Alaska.

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Un périple éclairé, voilà ce que nous propose l’écrivain écossais. Depuis Vancouver au sud (chacun son Sud) jusque l’île Ninagiak, tout en haut, White nous propose un portrait de cette côte à travers les hommes qui l’ont découverte, George Vancouver, Alexander Mackenzie ou John Muir. Il nous parle des indiens, ceux qui ont souffert et de leur culture que le gouvernement canadien a tout fait pour oublier.

Il y avait le travail des missionnaires , qui recevait l’approbation du gouvernement et dont l’objectif était d’éradiquer la culture aborigène et d’en effacer jusqu’à la mémoire, jusqu’à la simple conscience de son passé.

White remonte, quitte les côtés canadiennes, arrive en Alaska, rencontre ses habitants… Le problème c’est qu’il y trop d’américains dans les parages. La moitié d’Anchorage descend là les week-ends, avec leurs VR, leurs VUS, leurs VTT, tous exhibant le drapeau étoilé. Merde…c’était trop beau. Le Paradis blanc, racheté à la Russie pour une bouchée de pain en 1867 est sans doute le bastion le plus conservateur de l’Amérique. Un bout du monde détaché qui se sent certainement oublié par l’Oncle Sam et qui a besoin de rappeler à ses quelques visiteurs, qu’ici c’est l’Amérique et pas autre chose. Que leur gouverneur est une femme formidable et que Sarah Palin sera un jour présidente des Etats-Unis…Rencontre dans un bar pas très loin d’Anchorage:

Saddam était un personnage horrible, il y avait vraiment des armes de destruction massive en Irak. Si personne ne les a trouvées, c’est qu’elles avaient été transférées en Syrie. C’est comme si elle avait gobé tout ce que disait Fox News et qu’elle le ressortait en play-back.

Mais chacun reprend sa place et la nature la sienne. La tempête, imprévisible et féroce comme dans un roman de David Vann, envahit le bras de mer et renvoie les Yankees à leur condition d’hommes. Figurants dans un décor trop grand pour eux.

La plus belle rencontre en guise d’épilogue. Un échange silencieux avec un Carcajou, animal rare et farouche. Une apparition furtive, un regard et puis plus rien à part le silence.

Les vents de Vancouver, Kenneth White, éditions Le mot et le reste

 

 

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