Pour un retour au cinéma après un été bredouille – Pas ou peu de Paris, trop de Messi et de Chianti – j’envisageais un plongeon dans l’eau glacée. Oublions le Ice bucket challenge, j’y ai eu droit, c’est sur facebook, vous n’avez qu’à le trouver si vous me cherchez. Non, le plongeon que je prévoyais était plutôt de style hardcore et artistique, genre cinéma ultra exigeant, ennui et beauté, soupirs et contemplation. J’avais prévu de voir Winter sleep.
J’irai, c’est sûr…Bientôt. Si,si.
Je ne connaissais rien de ces combattants. Je savais seulement que ma douce avait adoré, qu’elle me connait très bien et qu’elle savait que je serais conquis. Une petite histoire simple, drôle, fine, jolie, romantique, originale, portée par deux acteurs formidables et charmants – Adèle Haenel et Kevin Azais – dont on tomberait amoureux dans la minute. Arnaud est un gamin, un jeune adulte qui se cherche, vient d’enterrer son père, qui ne se sent pas prêt à quitter le nid. Une tête d’ange ahuri, des yeux de chien battu, une colère rentrée qui pourrait exploser si on le cherchait un peu. Une certaine paresse, un brin d’inconséquence et d’indécision. Madeleine elle, est une tornade animale, une jolie fille au regard de tueuse qui ne rêve que d’une chose, rejoindre l’armée et se battre. Une bête féroce à fleur de peau qui griffe tous ceux qui l’approchent. Les deux adolescents, tous les deux en quête d’identité, se tournent autour, bestioles farouches, se sentent, se mordent, s’éloignent et se rapprochent.
Stage de préparation militaire. Madeleine, furie écorchée, incapable d’accepter les autres, Arnaud, regard d’agneau égaré. Un exercice d’orientation en pleine nuit au milieu d’une forêt. Ils se disputent, disparaissent, errent, se perdant volontairement au fond des bois, moments magnifiques au bord d’une rivière. J’ai rarement attendu un baiser comme celui-ci. Sincère, évident, touchant.
J’ai toujours été bon public pour les comédies romantiques d’où je suis souvent ressorti un sourire niais aux lèvres. Mais les combattants de Thomas Cailley, dont c’est le premier long métrage, ont quelque chose en plus, un charme, un humour (Adèle Haenel est absolument formidable…) qui font de ce film drôle, fin, poétique et pas prétentieux un de mes favoris de l’année.
Pour un coup d’essai, c’est coup de maitre, un truc à vous faire regretter le service militaire…formidable je vous dis.