Barragán – Blonde Redhead

 

Barragán_cover

C’était en 1995. J’avais 23 ou 24 ans, le cheveu encore long, le Tee-shirt pas propre et les sens en ébullition. Je vénérais (rien de moins) Sonic Youth et ses émules que je considérais comme des disciples de la cause expérimentalo-hardcore. Je balayais d’un revers de mèche (rebelle) les arguments de ceux qui ne voyaient chez ces groupes que des copieurs  à la limite du plagiat. Non, il y avait chez certains, et notamment Blonde Redhead, un petit quelque chose en plus qui méritait qu’on s’y attache au-delà de la ressemblance avérée avec la bande à Kim Gordon. J’étais tombé à genoux au pied de mon mange-disques en écoutant La Mia vita violenta en 1995 et j’avais depuis  prêté un oreille attentive au groupe et à son évolution.

Un peu déçu voire découragé par le côté difficile et un peu trop expérimental de certains albums où Blonde Redhead parvenait même parfois à battre Sonic Youth sur son propre terrain, celui du sabotage en règle de ses meilleurs morceaux à grands coups de larsen inaudibles ou autres orages bruitistes interminables, j’étais résolu à me méfier. Et puis, en 2004, le groupe a sorti son chef d’œuvre « Misery is a butterfly » un album magnifique, fascinant, riche, porté par des mélodies incroyables. Celui-là est au panthéon (Entre ici Blonde Redhead !) et n’en sortira pas. C’était en 2004.

Ensuite, j’ai guetté nerveusement les sorties entre espoir et inquiétude. Que fait-on quand on a atteint le Nirvana ?? Et bien on descend, irrémédiablement. Pour certains, la pente est douce et la magie perdure. Pour d’autres, c’est le plongeon vers le niveau zéro, celui de la mer et des égouts. Et si les albums suivants n’ont pas été non plus des bouses épouvantables, le côté inventif et expérimental a définitivement cédé la place à une pop molle et souvent insipide, l’ensemble n’étant sauvé que par de rares fulgurances inoubliables.

Cette semaine, Blonde Redhead a sorti un nouvel album. Et je me demande où est passé le groupe inventif et audacieux que j’ai tant aimé. C’est affreux mais je m’attendais à être déçu. Le premier single, Dripping, ne laissait rien présager de bien bon. On s’ennuyait ferme en coulisses. J’espérais malgré tout qu’un ou deux titres viendraient sauver l’ensemble et me nourrir pour le printemps. Mais rien. L’ennui. C’est d’ailleurs énervant de voir Télérama s’extasier devant cette guimauve indigne.

La bataille de trop ? On a déjà connu ça.  Blonde Redhead faisait partie des derniers survivants de mes vingt ans. Je m’éloigne en silence et je salue du bout des doigts. Encore un groupe à ranger du côté des souvenirs. Pas toujours facile d’être un ancien combattant.

2 réponses à “Barragán – Blonde Redhead”

  1. Tout a fait juste! Seuls Mine to be Had et Defeatist Anthem tiennent vraiment la route…et encore, ca sent le remplissage (avec le loop qu’on laisse tourner et les bidouilles finales).
    D’ailleurs, le reste ressemble beaucoup à de la maquette, ça à son charme, pourquoi pas, ça s’écoute en musique de fond. Mais ça reste effectivement décevant après Misery, 23 et Penny Sparkle qui laissait un peu présager cette descente malgré de nombreux bons titres et une ambiance noire travaillée.

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