De quoi peut-on rêver avec un ciel bas, si bas? Je ne sais pas. Aujourd’hui, tout était tellement triste au-dessus de nos têtes qu’on aurait presque pu regretter de ne pas vivre encore plus au nord, là où le soleil ne prend même pas la peine de faire semblant de se lever. Au moins, le noir a le mérite d’être clair dans ses intentions et je déteste quand le ciel fait sa mijaurée comme aujourd’hui.
Oui le mois de décembre est un mois de merde, un mois gris foncé sauvé de justesse à sa toute fin par son défilé d’huîtres, de tranches de foie gras d’oie malade, de Christstollen ou autres Bredele – Si comme moi vous passez noël en Alsace, et Pâques aux tisons- Bref, décembre est un mois à éviter dans la mesure du possible.
Mogwai, groupe hivernal. Mogwai, des écossais nourris à la tourbe (je sais, je dis toujours la même chose), des adeptes du post-rock, dépressifs et fascinants. Longues plages contemplatives, guitares saturées façon mur du son, pas ou peu de chant, dents serrées, basse sur les genoux, jambes écartées, dos au public, regard planté dans le sol. La fête.
On me dit que Mogwai sort un EP pour les fêtes, justement. On me le dit. Jingle bells revisité au larsen et à la pluie horizontale ? Rien ne peut plus me réjouir en ce jour de déprime météorologique absolue. Je me laisse embarquer, prêt à tout, encore tout émoustillé des échos de leur superbe dernier album Raves Tapes, sorti en janvier.
Le premier morceau s’intitule Teenage Exorcists, je sors mon masque de clown triste, col roulé, un café à la fenêtre, je contemple l’arbre dénudé dans la cour. Je suis prêt.
Et là, stupeur. Un morceau gai. Sans doute le plus joyeux et direct que le groupe ait jamais enregistré…Putain mais qu’est-ce que c’est que ça ? On dirait Placebo en bad ! Ou pire ! Décalecatan, décalecatan, Ohé,Ohé !
Je passe mon chemin, en sueur. History day, beaucoup plus classique, magnifique enchevêtrement de guitares mélancoliques à souhait, de plages lentes et déprimées, un paysage se dessine, pas très ensoleillé mais évidemment, je suis conquis. HMP Shaun William Ryder (Happy Mondays ??), encore meilleur, une intro calme et prometteuse, et puis la fureur qui monte lente et implacable avant la fessée espérée après trois minutes. Headbanging rageur, puis calme plat, à nouveau avant retour de l’orage.
No Medecine for regret (super version techno d’un titre déjà présent sur Rave Tapes, meilleure chanson du lot) et The lord is out of control closent ce très bon EP qui oscille entre classicisme Post-rock et audace techno, voire festive!
En six chansons, Mogwai retourne son monde encore une fois, diminue la dose de Prozac, égaie le ciel chargé de décembre me fait croire au Père Noël ! Merde, j’ai une pêche, moi, c’en est presque indécent…