Interstellar – Christopher Nolan

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Pour moi, en plein hiver, il n’y a pas grand chose de plus réconfortant qu’un bon film catastrophe américain, un truc chargé en regards fiévreux dirigés vers un ciel menaçant de fin du monde. Comètes ou extra-terrestres, tout est bon, surtout si un héros chargé en testostérone made in Yankee, décide de prendre les choses en main et de sauver le genre humain. Je prends mon petit air sarcastique mais j’aime vraiment ça, en fait. Tout comme j’adore les comédies romantiques à la con.

Interstellar, énorme blockbuster de trois heures, précédé d’une réputation en béton armé, estampillé bon goût original et supposé rivaliser avec les plus grands classiques.On me parle d’une errance inter-galactique, même pas peur. Quand j’étais petit, j’adorais Ulysse 31, le chevelu de l’espace qui errait comme une âme en peine de galaxie en galaxie « quiconque ose défier la puissance de Zeus… ». On ne s’en rend pas assez compte de la dimension métaphysique d’Ulysse 31.

Ok, je m’enfonce dans mon siège, je suis prêt.Trois heures plus tard, je titube dans les couloirs du ciné, j’en ai pris plein la tronche, il va me falloir un peu de temps pour digérer.

La terre se meurt, le blé pourrit, des tempêtes de poussière recouvrent les villes. Seul le maïs pousse encore mais pour combien de temps? Une pénurie alimentaire majeure est en vue. Cooper, veuf, la quarantaine virile, façon pub Levis, vit dans une ferme paumée avec ses deux ados. Sa fille Murphy, très sensible, pressent la présence d’un fantôme dans la maison. Des livres tombent dans la bibliothèque, les GPS s’affolent, il se passe quelque chose. Et toujours ces inquiétantes tempêtes de poussière.

« Cooper » Matthew Mcconaughey le fermier sexy (l’homme qui marmonnait comme une grotte), est aussi et surtout un ancien de la NASA, un astronaute reconverti dans le maïs qui ne va pas tarder à troquer sa moissonneuse batteuse contre un vaisseau spatial.

Une Odyssée de l’espace pour sauver l’homme. Cooper repart en mission secrète vers l’inconnu à la recherche de planètes habitables que les humains pourront coloniser.

Alors il doit dire adieu à ses enfants et je ne fais pas le malin… il ne sait pas quand où s’il en reviendra et ça renifle sec au fond de la salle.

Ensuite, c’est Apollo, c’est Armaggedon, c’est Gravity, nous sommes partis pour un tour dans l’espace avec une équipe d’astronautes qui parlent une langue scientifique qui pourrait aussi bien être du chinois pour moi. On s’en fout, c’est une musique et j’ai envie de me laisser bercer.

Très vite, on laisse tomber les films précédemment cités et on entre, nous aussi dans l’inconnu. Le rapport au temps est modifié, nos explorateurs découvrent des mondes et abandonnent leur vie terrestre au fur et à mesure. Ils laissent aussi tomber leur vie d’homme et leur histoire. Condamnés à errer pour sauver, peut-être, le genre humain.

Nous sommes donc dans un voyage poétique aux delà des frontières connues. Lost in space. Le film est une réflexion métaphysique sur la place de l’homme dans l’infiniment grand. Etonnant. Hollywoodien quand même, on n’est pas non plus chez Nure Bilge Ceylan (au hasard, juste parce qu’il fait des films de trois heures lui aussi, mais avec moins d’effets spéciaux).

Seul reproche, de taille, à ce morceau de bravoure, la dernière demi-heure un peu indigeste à grands coups de tiroirs qu’on referme un peu trop vite. En même temps, ça fait déjà trois heures qu’on est assis quand arrive le générique de fin… Je trouve qu’Interstellar aurait mérité de prendre son temps. Il aurait mérité quelques plages contemplatives en plus, un rythme un peu plus posé pour nous faire digérer l’énigme, la cinquième dimension, tout ça, tout ça. En gros, il fallait quatre heures, et sans doute deux épisodes, pour rendre justice à ce scénario ambitieux mais un chouïa trop chargé quand même. Bon, je mijaure, je chipote car Interstellar est sans doute l’un des meilleurs films qu’on ait vus sur la conquête de l’espace. Une belle réflexion sur notre condition d’homme, sur la filiation aussi (comme Ulysse 31), dont on ressort un peu groggy, le nez en l’air perdu dans les étoiles.

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