Semaine compliquée pour la lecture, il me fallait un voyage, un truc qui m’emmènerait loin de la terre pendant quelques heures, histoire de.

Je ne pouvais pas rêver mieux que l’intégrale de Lupus, l’épais trip interstellaire décalé et halluciné de Frederik Peeters.

Dans un futur étonnamment familier où les baroudeurs vont désormais de planète en planète, Lupus, trentenaire charmant et désabusé et Tony son ami d’enfance, tête dure, regard inquiet, se baladent dans leur vaisseau spatial, glandent dans la galaxie entre deux prises de drogues, s’arrêtent en touristes sur des astres, lointains cousins de la terre.

Une errance poétique lente et solitaire, qui prend un virage à 180° dans un bar quelque part dans l’univers, quand Lupus, épagneul amoureux, tombe en arrêt devant Sanaa, sirène brune un peu perdue, regard affolant. « Emmène-moi Lupus ».

Fille d’un puissant de ce monde lointain, elle s’enfuit avec ces aventuriers désinvoltes, ces ados mal vieillis toujours en lutte avec leur enfance, qui bien que parcourant l’univers, continuent de chercher à s’évader en visitant les paradis artificiels. Sanaa est recherchée, début d’une cavale galactique, contemplative et poétique. Escales sur des planètes improbables, relations de couple tout à fait classiques, on se croirait à l’intersection impossible d’un film de Rohmer et d’Interstellar. Complètement dingue et banale à la fois, juste humaine, l’épopée de Lupus et Sanaa aux confins de l’univers nous fait voyager beaucoup plus loin que Star trek et Gravity, dans un monde qui nous ressemble, pas rose, mais pas désabusé non plus.

Très loin dans les étoiles…

Lupus, Frederik Peeters, éditions Atrabile