Je ne sais pas du tout. J’avais envie de nouveauté c’est tout. Alors j’ai fait comme d’habitude, j’ai fouillé, je suis allé voir ce qu’on me proposait, sur le grand catalogue mou qui fait semblant de connaitre mes goûts et qui, parce que j’ai eu le malheur, une fois, de préparer une compil années 80, pour un premier de l’an cotillons/mousseux, continue de me proposer les Best of de François Valery et Boney M en pensant que ça me fait plaisir.
J’ai regardé dans la case « Alternative », je suis allé faire un tour en « Français », j’y ai vu deux fois cet album noir et ce visage très blanc, très beau aussi. J’ai appuyé sur « play », ça n’engageait à rien et si j’ai bien compris, ça rapporterait quelque chose comme, 0,00006 euros à l’artiste. Plaisir d’offrir.
Robi, Chloé Robineau pour les impôts, je ne connaissais pas. Elle avait pourtant fait un peu de bruit avec un premier EP remarqué en 2012 puis un album en 2013 qui contenait un single, ma route, chanté en duo avec Dominique A. Copain classe. Toujours mieux qu’un duo avec Kendji Girac, ça ne laissait rien présager de mal.
L’éternité, premier titre, me crispe un peu sur mon fauteuil, arrangements un peu froids, cold wave, voix et phrasés un peu pointus, genre, je chante bien, je souris peu. Un côté Lana Del Rey à la française ? Quand même pas. Mais une certaine gravité quand même, posture presque gothique oblige. On n’est pas là pour déconner. Du coup, les paroles sont très écrites et se prennent très très au sérieux. La frontière est ténue entre le génie et sa caricature et quand la pose est outrancière, je ne peux m’empêcher de repenser aux Inconnus qui chantaient en chœur dans un champ de vaches « De l’anachorète contre duquel on ne peut rien ». J’exagère, évidemment, le deuxième titre, être là, n’est d’ailleurs pas mal du tout, surtout la musique. Devenir fou, encore mieux, puis Nuit de fête le nouveau single, je me laisse progressivement attraper, même si j’ai parfois l’impression d’entendre la fille de Sylvie Vartan et d’Arielle Dombasle en duo new-wave avec Lescop. Par moments, on frise le voyage en catacombie profonde (le vent), on s’aventure dans des cimetière musicaux, on flirte avec le folklore corbeau, noir sur blanc, tout fout le camp. Puis on repasse du côté de la lumière avec à cet endroit, et sa fin presque gaie et entraînante. Je me surprend à dodeliner du chef. Mais rien ne dure et très vite, Robi replonge vers les profondeurs afin d’y terminer l’histoire sur quelques balades murmurées dans des ruelles sombres comme un abattoir mal éclairé.
Et pourtant, bizarrement, ça fonctionne. Je me moque mais j’y reviens. Parce que si la voix ne m’enchante pas, les arrangements son vraiment bon et les mélodies, pas forcément évidentes à la première écoute sont finalement assez addictives.
Alors, je ne dis pas non. J’assume moyen c’est tout. Je mets le disque en cachette quand les enfants sont occupés. Un petit plaisir honteux.