Que font les super héros quand ils se retirent ? La dernière fois que je m’étais posé la question, mon fils devait avoir quatre ou cinq ans et regardait, en boucle, le DVD des Indestructibles (Disney). Mr Inc, super-héros rangé du côté obscur de la vie – pavillon de banlieue, boulot chiant, costard/cravate – se débattait avec son passé glorieux. Pouvait-on être après avoir été ?
Birdman, c’est le portrait très sensible d’un acteur oublié, autrefois méga star de Blockbuster. Un homme emprisonné par son image, qui subit le déclin inexorable de sa carrière dans les yeux de tous ceux qui l’approchent. Il y a vingt ans, il était Birdman, un super-héros aussi bankable qu’Ironman aujourd’hui. Trois épisodes, la gloire universelle et puis plus rien, à part le piège ultime, celui qui confond l’acteur et le personnage qu’il incarne au point de l’enfermer dans ce rôle unique. Riggan Thomson, alias Mickael Keaton –Ex Batman chez Burton – Sosie officiel de Julien Lepers – rêve et tente d’exister à nouveau à travers l’adaptation au théâtre d’un roman de Raymond Carver à Broadway. Tuer l’image de Birdman, exister encore aux yeux du public, prouver pour continuer à vivre. Il y a quelque chose d’extrêmement touchant dans cette chronique de la déchéance, dans l’affaissement des corps, dans l’obsession de l’image qui ne résiste pas au temps. Riggan Thomson Keaton, pathétique et magnifique, caricature d’égocentrique passé à côté de sa vie, se confronte à sa chute dans ce film au montage incroyable qui donne l’illusion d’un plan séquence assez improbable. Mise en scène quasi chorégraphique, musique d’enfer et dialogues imparables, acteurs géniaux (Keaton, Edward Norton, Emma Stone), je comprends mieux la moisson d’oscars du mois dernier. Avec Iñárritu, j’en étais resté à Babel il y a quelques années, un film choral à gros succès et grosses ficelles vaguement misérabilistes qui m’avait méchamment saoulé. J’avais fait l’impasse sur Biutiful en 2010 et je me méfiais de ce Birdman. J’avais tort, il est magnifique.
Une réponse à “Birdman – Alejandro González Iñárritu”
Magnifique, oui. Je le revois ce soir. Quant à « Biutiful », pratiquez un trou dans ce mur d’impasse: il y a un écran juste derrière 🙂