Elle était effondrée en larmes sur la table de la cuisine. Elle me dit qu’elle allait divorcer de mon père adoptif et que nous irions nous installer dans un petit village qui s’appelait Klaustur. Je la plaignais un peu, bien sûr, je me plaignais moi-même bien davantage parce que mon premier chagrin d’amour me rongeait le cœur. Elle divorçait parce qu’elle le voulait. Moi, on m’obligeait à divorcer de mon frère adoptif adoré parce qu’il appartenait à son père.
C’est le printemps et j’ai l’Islande qui bourgeonne sous mon crâne. Ça sent la tête de mouton à la vinaigrette à tous les étages, j’ai mal à mon Vatnajökull et deux trois volcans en ébullition. Musique et Littérature en traitement intensif, ça va passer, ça va passer.
Album. Le premier roman de Guðrún Eva Mínervudóttir, un nom à fauter avec le premier elfe consentant, une jeune écrivaine devenue depuis majeure sur sa planète nordique. Une drôle de collection d’instantanés, de petits billets assez courts qui constituent le tableau d’une enfance islandaise. Une petite fille qui grandit, qui vit des drames, des bonheurs, des séparations avec ses yeux d’enfant. Un récit parfois charmant, parfois anecdotique, touchant, puis émouvant à la fin quand la petite fille devient une femme et quitte le nid sans même sans apercevoir.
Un album photo en somme, simple et beau comme l’histoire d’une gamine ordinaire. Un truc lent et vif à la fois, qui épouse le rythme des saisons et fait vibrer la petite corde nostalgique que j’adore chatouiller de temps en temps.
Au printemps, je dis adieu au petit ami et au chien et partis pour l’Amérique. Je reçus une lettre de Minerva, disant que Helgi avait fauché l’herbe du pré à côté de l’église en dessinant ses initiales et les miennes avec un cœur et que le chien avait été endormi pour toujours par le vétérinaire de Keflavik.
Múm ,We have a map of the piano, petite illustration musicale locale.
Album, Guðrún Eva Mínervudóttir, éditions Tusitala