Si le Gainsbourg des jeunes années, celui du Poinçonneur des Lilas, vous manque, si vous aimez la jolie chanson française, celle qui se raccroche aux branches de la forêt Serge, futaie Dominique A, Françoiz Breut, Albin de la Simone, vous aimerez sans doute La maison haute, le dernier album tout en petite touches délicates du très talentueux Bastien Lallemant. Une douzaine de chansons dont certaines font quand même sérieusement vibrer le cercueil du Maître dont la voix hante les mélodies de ce disque du début à la fin. Un fils de Dieu, très beau titre lent, en est même troublant de ressemblance. Si les morceaux n’étaient pas aussi forts, on pourrait presque s’offusquer de ce phrasé, gainsbougrien jusqu’au mimétisme, certains diront, jusqu’à la caricature.

Mais encore une fois, il serait dommage de s’en tenir au simple procès pour influence car Bastien Lallemant avec La maison haute, nous propose un bijou de chanson française moderne et classique à la fois. Un album que j’ai, comme souvent, d’abord écouté d’une oreille distraite puis qui s’est imposé au fil des passages pour devenir un de mes préférés de ce début d’année. Essayez Un million d’années, Ronde nuit, le viel amour, Un fils de Dieu, faites l’impasse – Je ne parle qu’au nom de mon nombril – sur les très Mathias Malzieuesques Les fiançailles et Scène de crime et terminez, charmés, par L’attente et L’ombre.

Et si vous vous retrouvez ensuite, à quatre pattes sur la moquette, le nez dans votre discothèque oubliée, à chercher des vieux vinyles de Gainsbourg enfouis sous des tonnes de poussières, ne luttez pas, laissez vous faire, la filiation a du bon.