Quelques femmes – Mihàlis Ganas

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Elle regarde ses mains. Comment sont-elles devenues ainsi ? Toutes ces veines, ces taches, ces rides sur ses mains, comment sont-elles venues ? Soixante-dix ans qu’elle promène sans jamais y avoir posé les yeux.

Quelques femmes, drôle de petit livre, collection de portraits, d’instantanés, parfois très courts, tranches microscopiques de la vie de femmes, jeunes, entre deux âges, vieilles. Comme un oiseau viendrait se poser au bord d’une fenêtre pour observer un moment de vie, Mihàlis Ganas, poète grec, nous propose cette balade dans une galerie de photos. Il était trois heures trente-trois, micro fiction nocturne, dialogue improbable autour d’un faux numéro entre une femme éplorée et un homme dont on devine qu’il restera longtemps marqué par cette apparition.

Tu ne passes pas kyra-Maria ou cette femme de quatre-vingt-dix ans qui attend sagement, déjà au delà du temps.

Et pour voir les orangers amers de l’autre monde, chargés de fruits et délirer, et mettre à genoux cette vie qui ne me laisse ni vivre ni mourir, étouffer ces battements qui s’obstinent et passer de l’autre côté sur un fil et là-bas tomber doucement sur la terre.

Toute la maison à elle, là aussi une histoire du temps qui passe, la photo d’une femme de ménage qui au fil des années a fini par s’approprier la maison dans laquelle elle travaille, jusque dans ses moindres détails, jusqu’au moindre petit bruit. Elle est seule dans cette maison, s’accorde une pause, un café, savouré dans un fauteuil, bonheur qu’elle voudrait éternel.

Tant qu’elle tient le coup, car de plus en plus souvent, ces derniers temps, elle casse un verre, une soucoupe, rien de gros et lourd comme un plat ou un vase, mais cela augmente sa peur. On dirait que le monde lui glisse des mains, peu à peu, discrètement, commençant par les petites choses fragiles et qui sait où ça va finir.

Une superbe collection de seize portraits, d’histoires courtes, qu’on ne relie à rien, qu’on regarde comme on admirerait un tableau, sans se soucier du temps qui passe. Poésie en prose, très belle.

Quelques femmes, Mihàlis Ganas, Quidam éditeur.

2 réponses à “Quelques femmes – Mihàlis Ganas”

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