La forêt était le point commun à toutes ces histoires et même une sorte de personnage principal.
Je me suis toujours méfié des Vosges. La faute à Bernard Laroche et Lépange sur Vologne. On a sans doute sous-estimé l’impact catastrophique du Petit Gregory sur le tourisme vosgien. Pour ceux qui sont nés à l’ouest, et l’ouest commence parfois à Nancy, les Vosges représentent un territoire inconnu, aux contours incertains, peuplé d’autochtones mal dégrossis, nés du mauvais côté de la pente. Cette vision locale abominable m’a bien sûr été soufflée par ma moitié alsacienne, celle qui n’hésite pas à faire rôtir des cigognes aux Bretzels dans des plats à Baeckeoff moulés à la main à Soufflenheim. Je m’égare.
Le commissaire Léoni enquête dans le fond des bois noirs de Wissemberg. Disparitions inquiétantes d’adolescents dépressifs, l’adjointe du commissaire dans le coma, victime d’une tentative de meurtre, une clinique un peu étrange, il se passe quelque chose au cœur de la forêt sombre.
Un antidépresseur serait à l’origine de comportements étranges, ultraviolents, que le laboratoire suisse qui produit les médicaments qualifie de « réactions paradoxales ». Euphémisme bien sûr car les pilules poussent parfois les patients à commettre des actes de barbarie impensables. Taire les effets secondaires, faire disparaître ceux qui seraient tentés de fouiller les sous-bois, Léoni et la charmante (on l’imagine) Eliane, se frottent à des ennemis invisibles cachés derrière les silences et les arbres serrés.
Je me suis laissé embarquer dans cette enquête au format et aux codes classiques, rythmée par de courts chapitres qui laissent la part belle au suspense. J’ai parfois pensé à la bande à Adamsberg pour la collection de de personnages secondaires au profils improbables, je me suis vu dans des séries américaines au montage serré, j’ai trouvé des ressemblances avec l’univers de Walt Longmire dans les montagnes du Montana.
Mais au-delà du polar bien ficelé, le roman est avant tout une charge en règle contre les laboratoires pharmaceutiques et le business médicamenteux. A la fin du roman, Elena Piacentini prend la suite de son commissaire à travers une postface dans laquelle l’auteure dresse un portrait peu flatteur d’une industrie devenue presque déviante.
Ce n’est pas la santé qui est devenue un business, c’est la maladie.
Des forêts et des âmes, un polar attachant et vif dont on tourne les pages à grande vitesse. De là à réhabiliter les Vosges en tant que destination touristique, et à chercher une location d’été à Gérardmer, il y a encore un pas à franchir mais je me suis surpris tout à l’heure à naviguer sur tourismevosges.fr…Il faudra que j’en parle à ma moitié alsacienne.
Des forêts et des âmes, Elena Piacentini, éditions Au-delà du raisonnable
11 réponses à “Des forêts et des âmes – Elena Piacentini”
Ne me parle pas du « petit Gregory » ……je suis traumatisée à vie par cette histoire ……et je veux savoir qui a fait ça ……j’ai l’impression que je dormirais mieux si je savais …..bon moi aussi je m’égare. ….
Hey bonjour Msieur, je découvre votre blogue (il n’est jamais trop tard pour…rien), je me permets de me présenter: je suis « Sophie Delaunay », eh oui, et je ne l’ai même pas fait exprès. Merci pour cet article, plus on « parlera » d’Elena, mieux ce sera, au moins ce ne seront pas des mots pour ne rien dire. Je précise que je suis lorraine, plutôt du côté du « pays des 3 frontières », mais à moitié seulement, mon papa venant du Périgord. Votre billet est bien troussé, marrant, et bien écrit. Que demande le peuple? Bonne continuation!
Moi on m’a dit que Sophie Delaunay était morte, poussée du haut d’une falaise…! Merci pour le commentaire
Attila…c’est toi Mémé????
Evidemment c’est moi ! Tu te doutes que j’aime ce blog …..mais je te jure que je suis vraiment traumatisée par l’histoire du « petit Gregory » …..et pourtant tu me connais hein : y a pas grand chose qui me traumatise ! 😉
Alors moi aussi j’ai été traumatisé, question de génération.., mais fasciné aussi
Oui mais à ton avis : c’est qui ??
Christine c’est presque trop évident …
>
Forcément sublime ……mais je n’y crois pas ….et le mobile ?
Il ne faut pas croire tout ce qu’ « on » raconte Monsieur Nombril…sauf peut-être dans les romans, je vous le concède! 😉
Attila, m’étonne pas de te retrouver ici, toujours dans les bons plans…