La loi du marché – Stéphane Brizé

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Je suis un sale gosse. Je n’aime pas bien qu’on m’explique comment je dois penser… On a pourtant déjà vu plus rebelle…sous mes airs de rockeur du weekend –vous ne voudriez pas me croiser la semaine- se cache un rouage consentant du système. Encore un qui subit, sans se faire mal, la fameuse Loi du marché que Stéphane Brizé veut dénoncer dans ce film. Oui, le monde extérieur fait mal. Non il n’est pas tendre. On le connait, je bosse pour une succursale de la World Company, je le connais bien.

La caméra se pose sur le visage buriné et fatigué du sublime Lindon. Un entretien au Pôle emploi, encore un, foireux comme les autres. Plan serré, pas de musique, plan séquence ultra réaliste qui nous souhaite la bienvenue dans ce film au profil social à tendance misérabiliste. Lindon, la cinquantaine, est en fin de droits. OS viré avec les autres d’une usine qui pourrait s’appeler Continental, Lindon passe de scène en scène, traîne son regard accablé devant un agent du Pôle emploi, une banquière, se fait laminer lors d’une séance de formation, se fait  humilier par Skype dans un entretien pour embauche sans issue, rentre chez lui et retrouve sa femme, charmante et aimante et son fils…handicapé. N’en jetez plus. Je crois que l’auteur a voulu faire passer un message. Je détestais Sans famille quand j’étais petit.

Scènes suivantes, ellipses malignes, Lindon a trouvé un travail en tant que vigile dans un supermarché. C’est là qu’il s’aperçoit que pour rentrer dans le rang et retrouver une sorte de confort précaire, il doit collaborer et dénoncer des plus crevards que lui. Un rat, un peu moins rat que les autres, autorisé à s’accrocher au dernier wagon avant l’oubli à condition de se compromettre.

Une peinture sociale à la truelle, c’est un peu ce que je me suis dit devant cet épisode de Striptease où le sourire est interdit très didactique, très manichéen, dont le propos ne tolère pas la nuance. J’ai trouvé le film pénible, succession de scène d’humiliations ordinaires que seul le bonheur familial parvient à soulager. Je me suis demandé si la caricature ne desservait pas le propos, si le parti pris minimaliste de la caméra de Brizé n’était pas un peu artificiel. Lindon au cœur d’une vie de merde dont le cinéaste voudrait nous faire croire qu’elle est l’unique perspective de tous ceux qui sont piégés, emprisonnés dans les couches dites inférieures de ce fameux marché. Je me suis cru perdu au milieu du dernier roman d’Olivier Adam, dans un Dardenne sans horizons, et ça m’a vraiment saoulé.

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