Est-ce que j’aime encore le hardcore, le punk à la scie sauteuse, celui qui nous faisait serrer les dents et faire le pigeon dans le fond de salles des fêtes surchauffées et arrosées à la bière tiède? Que reste-t-il de mes vingt ans hargneux et bruyants ? Des souvenirs c’est sûr, des vinyles, quelques T-shirts délavés et trop petits désormais, un certain esprit peut-être, comme une petite veilleuse qui vient frapper aux carreaux de temps en temps et qui me dit « Méfie-toi, t’es loin là, t’es en train de barrer, si t’aimes plus la musique, oublie pas l’esprit au moins ». C’est peut-être en lisant Vernon Subutex que j’ai repris un coup de jus juvénile. Je me suis mis à fouiller dans ma discothèque du côté de chez Black et Noir, de chez Dischord, J’ai ré-écouté les Thugs, Jello Biafra et TAD. Je me suis souvenu de l’énergie qui se dégageait de ces années-là, de l’insouciance qui les accompagnait aussi, et j’ai replongé. Je me suis mis à fouiner dans le catalogue SUB POP, la grande Eglise hardcore made in Seattle et , surprise, j’y ai trouvé mon bonheur. METZ – Rien à voir avec la Moselle, oubliez Saint-Symphorien- sort un deuxième album aussi énervé que jouissif. On dirait un truc produit par Steve Albini à la grande époque, enregistré dans l’urgence et dans un garage, sur un 8 pistes bricolé. A la première écoute, j’ai fait Aïe, j’ai eu mal au oreilles mais dès la deuxième, j’ai commencé un headbanging compulsif…Je me suis dit que ça allait passer mais ça ne passe pas. I.O.U fait partie de mes chansons de l’année. Alors je ne sais pas si je rajeunis ou si j’exprime une forme de crise de la quarantaine très particulière mais tout à l’heure, coincé dans un ignoble bouchon interminable sur les quais parisiens, personne ne songeait à venir me poser la question, au vu de l’effarant bordel qui s’échappait de ma voiture…