Monkey trick – David Yow

78-1

J’avais complètement oublié David Yow. C’est vrai que dans l’absolu, je n’en avais pas grand-chose à foutre de ce qu’il avait pu devenir. J’avais écouté Jesus Lizard entre 91 et 94 et puis j’avais rangé mes albums dans un carton,  au rayon vieilleries, à côté de ceux de Bad Religion, et Helmet. C’était l’époque où j’avais commencé à me ramollir sans même y faire gaffe. Le Trip hop m’était tombé dessus un soir d’automne alors que la nuit tombait trop tôt et que les nuages s’avançaient, gorgés de pluie. La jeunesse était en train de passer sans prévenir et je m’étais laissé séduire par le down tempo et la chanson française. Barbara côtoyait désormais Massive Attack et Tricky, ils annonçaient l’hiver, appuyaient très habilement sur ce ressort mélancolique qui me faisait déjà avancer à  l’époque. C’en était fini de l’énergie pure à la Ramones,  de mon côté post-punk gentiment révolté, j’avais 20 et quelques années, je rentrais dans le rang, je disais au revoir, sans même le savoir à mes amours nerveuses.

J’ai retrouvé David Yow en lisant Vernon Subutex. The Jesus Lizard est certainement un des seuls groupe à ne pas avoir été cité par Virginie Despentes, mais très vite, en lisant le portrait de ce rockeur usé sorti d’une époque pas si lointaine mais déjà oubliée, j’ai pensé à David Yow et ce à quoi il pourrait bien ressembler aujourd’hui, lui qui ne se baladait qu’à la lisière, qui dansait titubant au bord de la falaise. S’il y a un rockeur que je n’imaginais pas voir vieillir un jour , c’est bien David Yow. The Jesus Lizard, sur scène, c’était lui, tenant à peine debout, vomissant des paroles incompréhensibles, cherchant à se battre avec les spectateurs et des musiciens impeccables, impassibles, sortes de Nerds grunge presque effacés, basses , guitares, batteries surpuissantes.

NEW YORK - NOV 17 : The Jesus Lizard performs at Fillmore East at Irving Plaza, as part of their 2009 reunion  and final tour on Tuesday, November, 17, 2009, in New York City. (Photo by Landon Nordeman) The band consists of David Yow (Vocals), David Sims (Bass), Duane Denison (Guitar) and Mac McNeilly (Drums).
NEW YORK – NOV 17 : The Jesus Lizard performs at Fillmore East at Irving Plaza, as part of their 2009 reunion and final tour on Tuesday, November, 17, 2009, in New York City. (Photo by Landon Nordeman) The band consists of David Yow (Vocals), David Sims (Bass), Duane Denison (Guitar) and Mac McNeilly (Drums).
Monkey Trick, 1991, concert à Washington DC. Un des hymnes grunge du groupe. Yow, dans un état second, gueule de caniveau à la Jean-Hugues Anglade, massacre le morceau avec précision. Rien à dire, c’est parfait. C’est rock n’ roll à souhait. Le groupe tient la charpente et récite sa partition. Yow, lui ne passera pas l’année. Il roule à 200/km à l’heure vers un mur. Il ne tardera pas à rejoindre la confrérie des rockeurs morts au sommet de leur gloire. Il ne peut pas vieillir, c’est impossible. Et pourtant. Vingt-cinq plus tard, Yow, 55 ans, quelques boursouflures, bouge encore. Il fait toujours de la musique, il a même sorti un album il y a deux ans. Les Jesus Lizard, eux n’existent plus. Que Yow leur so t survécu est un miracle, j’imagine. Il parait que David rugit encore régulièrement sur scène, il est aussi illustrateur à ses heures, il se prépare une retraite de rockeur. Je ne sais pas quoi penser de tout ça…

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