Bleu éperdument – Kate Braveman

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Mon père, Jay, était une comète suivant une orbite prévisible. Son itinéraire était connu d’avance. Il évoluait dans une sorte de néant et nous lui procurions un semblant de gravité.

Tout d’abord il y a la couverture de Bleu éperdument et ce qu’elle évoque. Une femme au volant, quelque chose de l’ordre de la fuite, des couleurs vives, presque violentes. Plus tard, en lisant ce recueil de nouvelles assez hallucinant, j’y repenserai et j’aurai même du mal à me détacher d’une image hybride, mélange de Julianne Moore dans The Others et de Thelma et Louise. Femmes au bord de la falaise, qu’elles soient hawaïennes ou californiennes, les femmes de Kate Braveman nous entrainent au bord du précipice. Nous sommes à leurs côtés, nous ressentons leur malaise, nous vivons leurs dépressions, leurs addictions que le soleil tenace et le bleu permanent de l’océan Pacifique ne parviennent pas à atténuer. Il y a quelque chose d’incroyablement juste et triste dans ce recueil, dans l’évocation de la chute inexorable, de la maternité impossible. Bleu éperdument, est une collection de portraits pathétiques et magnifiques à la fois. La langue de Kate Braveman, limpide, simple mais très riche m’a totalement bluffé même si les personnages, tellement dépressifs et sans espoir ont parfois plombé ma lecture. Rien n’est pire qu’une déprime au soleil et certaines nouvelles, je pense à Dire ce qui est ou Crépuscule des pères m’ont clairement données envie d’écouter Rire et chansons, histoire de respirer un peu.

Toute la palette des meurtrissures, de la violence et du désastre.

Dans Bleu éperdument, comme chez  Laura Kasischke, à qui on pense souvent, il y a des mères, des filles, des femmes qui souffrent, enfermées dans un silence et des secrets dont elles ne peuvent plus sortir. Les hommes au mieux sont absents, au pire, ils sont des fantômes errants, parfois mourants, toujours fuyants et défaillants.

Bleu éperdument est une claque, puissante et vicelarde, qui fait mal pendant un bon moment. Un bijou de littérature douloureuse pour esthètes masochistes.

Bleu éperdument, Kate Braveman, Quidam éditeur.

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