Angola n’est pas une prison. Sa vocation n’est pas d’enfermer les criminels, encore moins de les réhabiliter.

Lire des BD pendant la rentrée littéraire… quand dix bouquins, soit 1% ou 2% de la rentrée du VIème arrondissement prend gentiment la poussière sur l’étagère…Pas sérieux.

Tyler Cross, gangster très 50’s, au sang-froid comme un serpent, costard, chapeau, gueule taillée à la serpe, se fait avoir comme un bleu au cours d’un braquage réputé sans risque. Trahi par ses partenaires, il se fait serrer et se retrouve dans le pire des pénitenciers, Angola, une prison qui ressemble à un bagne, voire à un camp de concentration de la pire espèce. Travaux forcés, violence, matons sadiques, corruption, tout y passe, y compris la femme du capitaine Kroeker, femme fatale un brin nymphomane qui choisit ses amants parmi les beaux gosses condamnés à perpétuité. La mafia sicilienne sur le dos, Tyler Cross ne tarde pas à faire des siennes et, sans jamais laisser échapper la moindre émotion, commence à échafauder son plan. Non, il ne va pas faire ses vingt ans. Oui, ça va saigner.

Evasion. Trois prisonniers s’enfuient dans le bayou. (clin d’œil à Down by law, Tyler dans le rôle de John Lurie ?). Notre anti-héros s’en tire et va régler ses comptes. Implacable, sans pitié.

Wow. J’ai dévoré cette BD fortement dosée en testostérone, qui n’a pas besoin de beaucoup de dialogues pour faire parler la puissance. Les personnages sont forts, caricaturaux bien sûr mais on sait à quoi s’attendre en prenant le livre dans les mains. Ici, on annonce la couleur, pas de place pour les nuances mais quelle ambiance…La Louisiane en hiver, pluie et boue, camp de travail, nuit. Vieilles Chrysler, femmes fatales, flics corrompus et toujours Tyler et sa gueule improbable qui n’exprime jamais mais alors jamais, le moindre doute. Un uppercut. Direct et sans sommations.

Tyler Cross, Angola, Nury & Brüno, éditions Dargaud