En plus du médicament, il faut que vous le soumettiez à un stress constant. Votre maître mot doit être : Dépêche-toi ! Du matin jusqu’au soir, ne lui laissez aucun répit, pour quoi que ce soit.
J’ ai reçu mon panier garni de chez Christophe Lucquin éditeur . Des petits livres blanc et bleu qui m’attendaient dans la boite aux lettres l’autre soir. Beaux objets, bonheur simple. Je ne connaissais rien des livres que j’avais reçus. J’avais seulement envie de me faire surprendre et de me laisser guider par l’éditeur de La Madrivore, que j’avais beaucoup aimé le mois dernier. C’est sûrement son titre qui m’a poussé à choisir Lento. Un titre vertueux. Speedo, j’aurais zappé.
A mes débuts, je n’ai pas connu la faim puisque j’étais encore relié au cordon ombilical de ma mère. Pas d’obsession première. Un mauvais début quant à mon intégration sociale.
Je me suis donc plongé dans ce récit, un conte sensible pour urbains dépassés par la frénésie contemporaine. Lento, l’histoire d’un enfant presque né. Un bébé qui ne veut pas sortir, qui regarde le monde depuis l’entrecuisse de sa mère, pas encore décidé à franchir le pas, pas pressé. Lento est un enfant d’une lenteur peu commune. Un enfant qui ne connait pas la notion du temps et de l’urgence. Un enfant qui dérange dans un univers chronométré, qu’on finit par enfermer et droguer, puisqu’il n’est pas adapté. Mais Lento s’échappe de l’institut dans lequel on le « soigne ». Il fuit pour découvrir le monde, à son rythme. Il veut goûter à tout, découvrir à l’aide de tous ses sens, la texture même de la vie qui l’entoure. Il dialogue avec les éléments, avec l’eau, le vent, se balade nu sur la plage, découvre son corps en compagnie de A. Mais on finit par retrouver Lento.
Je ne suis pas satisfait de l’ordre social existant. Si l’on considère que la normalité est l’adaptation à l’ordre existant, on peut estimer que l’insatisfaction par rapport à cet ordre est signe de trouble mental.
Éloge à la lenteur et au droit à la différence, Lento, parle de notre temps, de notre incapacité à voir, à ressentir les choses les plus simples. Antoni Casas Ros nous entraîne dans ce qui pourrait ressembler à une démarche méditative. Il flirte avec une certaine forme d’ésotérisme et nous oblige à nous poser, à respirer lentement, à tourner les pages avec délicatesse, à lire chaque mot comme s’il était unique. Il y a de la poésie contemplative chez Lento, quelque chose qui vous oblige à prendre la mesure de l’instant qui passe.
Je mange lentement, me concentre sur la perception. Jusqu’où puis-je suivre les aliments ?
Alors je me suis surpris à lire ce livre au ralenti. Je me suis laissé faire et j’ai épousé le rythme de Lento. J’ai refermé le livre, lentement évidemment, et je me suis promis de ne pas klaxonner sur le périph aujourd’hui.
Lento, Antoni Casas Ros, Christophe Lucquin éditeur.
6 réponses à “Lento – Antoni Casas Ros”
J’aurais vu « Speedo » je me serais dit que ça parlait de slips de bain bien moulants et je n’aurais pas zappé ^^
Très de plaisanterie, je ne connaissais ni le roman ni la maison d’éditions, donc merci pour ce billet qui aiguise ma curiosité.
C’est vrai que Speedo, ça fait slibard. Ça ramène de vieux souvenirs d’un collègue allemand dont on aurait aimé ignorer qu’il portait des Speedo… Mais c’est une autre histoire. Christophe Lucquin editeur, je te recommande chaudement .
si un jour tu consacres un billet à ton collègue allemand, je te promets que je le lirai attentivement !
hahaha! tu sais quoi, je vais essayer de te trouver une photo de lui en speedo, c’est impressionant!
Bon tu sais : je suis lucquinophile …….j’ai un nid chez moi ….d’ailleurs les deux prochains à paraître vont bientôt arriver chez moi !
c’est une belle maison d’édition qui a besoin d’un coup de pouce pour etre plus visible et donc mieux distribuée. ….
C’est chouette de lire ton billet !
J’attends également « J’étais la terreur » et « la maladie » avec impatience 🙂