45 ans – Andrew Haigh

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45 ans, ou l’histoire violemment désabusée d’un amour qui ne s’était jamais vraiment regardé dans la glace. Campagne anglaise, l’hiver. Kate/ Charlotte Rampling, bottes aux pieds, veste Barbour, promène son chien dans des champs tristes et brumeux comme un hiver anglais (j’en ai vécu suffisamment pour me permettre un jugement, l’hiver anglais est une purge humide que dix mugs de thé par jour ne suffisent pas à réchauffer). Kate rejoint Tom, son mari, dans une cuisine trop grande. Il y règne un silence familier, réglé par des années de torpeur confortable. Une mécanique du bonheur tranquille, bien huilée, sans tempêtes apparentes, un bonheur mou, la paix à laquelle on finit tous par aspirer, j’imagine, après 45 ans de mariage.

Tom ouvre une lettre et soudain tout s’effondre, toutes les certitudes sur lesquelles Kate avait bâti sa vie. On a retrouvé, enfermé dans les glaces, le corps de la première petite amie de Tom. Une femme dont il avait été amoureux un demi-siècle auparavant.

Anecdote ? Pas pour Tom, que la révélation bouleverse et que cette découverte plonge dans une nostalgie étrange. Pas pour Kate non plus, qui, paralysée par l’apparition de ce fantôme d’un autre temps, commence à douter de l’amour de Tom et se demande si elle n’a pas gâchée sa vie à aimer un homme dont le cœur était dévoué à une morte.

Non, on ne s’est pas beaucoup marrés en regardant ce film d’une justesse et d’une tristesse incroyables. La vieillesse, la fin d’un parcours amoureux, certaines scènes font penser à Amour de Haneke, moins trash mais plus désabusé. Comment ne pas être ému en écoutant ces regrets qu’il ne sert plus à rien de formuler, à observer ces sanglots réprimés, cet ennui gris de vieille horloge normande et ce bonheur obligatoire aux yeux des autres qu’il faudrait savoir préserver malgré tout, histoire de ne pas perdre jusqu’à sa dignité.

Evidemment, Charlotte Rampling est sublime, épouse jalouse d’un passé qu’elle ne connaissait pas, meurtrie avant tout dans son amour propre et qui s’en veut à crever de se voir en dindon d’une farce indigeste. Tom Courtenay aussi est formidable en vieillard un peu paumé, dont la vie du temps du bonheur, revient le gifler alors qu’il avait fini par renoncer.

45 ans, un film terrible sur la vieillesse et le couple, un truc à ne pas écouter en même temps que les vieux amants, un jour pluvieux de novembre dans la campagne du Kent.

2 réponses à “45 ans – Andrew Haigh”

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