Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l’horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l’avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m’en imprégner, mais je craignais qu’une telle folie douce ne soit pas éternelle.
Touché. Pas coulé mais bien secoué. Je viens de me faire avoir par la petite sensation de l’année, par le premier roman d’Olivier Bourdeaut, jeune homme bien peigné (si,si) dont l’interview chez Trapenard l’autre jour, m’avait pourtant un peu gonflé. En attendant Bojangles, un titre à la Beckett pour une sorte de conte moderne aussi direct qu’émouvant. L’histoire d’une rencontre extraordinaire. Un homme, une femme, deux êtres lunaires, hauts perchés, surtout elle. Un enfant qui vit l’amour de ses parents comme un spectacle permanent, un gamin, narrateur de ce récit, conscient qu’il vit une vie hors du commun, entouré qu’il est de la fantaisie la plus absolue.
Le temps d’un cocktail, d’une danse, une femme folle et chapeautée d’ailes, m’avait rendu fou d’elle en m’invitant à partager sa démence.
Sa mère est farfelue, sa mère est folle, sa mère est internée et la maison perd ses couleurs.
Le père se cache pour pleurer et la vie devient terne. Alors, père et fils vont aider la mère à s’envoler, histoire de s’offrir un tour de piste dont tous savent très bien au fond d’eux-mêmes, qu’il est le dernier.
Bordel ! Je ne m’étais pas fait choper comme ça depuis Jeux interdits quand j’étais tout petit ! Merde, obligé de me mordre la lèvre inférieure pendant toute la dernière partie du livre…Je ne fais pas le malin aujourd’hui…
Très belle histoire, vraiment. Une musique très poétique, illustrée par la chanson de Nina Simone, omniprésente et renforcée par la narration de l’enfant, par sa candeur extasiée, lui, le môme laissé malgré lui à l’écart de cet amour trop grand. C’est là d’ailleurs que Bourdeaut fait mouche. Donner la parole à l’enfant, voir la dure réalité à travers ses yeux, et puis alterner le récit avec la parole du père, ce fou sage éperdu, attiré vers les profondeurs lumineuses par sa sirène magnifique.
Bojangles est promis au triomphe (le succès est déjà bien établi) et je me réjouis. Pour l’auteur et l’incroyable maitrise de ce premier roman, pour la maison d’édition, Finitude, qui donne des coups de coude aux grosses machines parisiennes et se fait une belle place dans les bonnes librairies. Une bien belle histoire en somme.
En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut, éditions Finitude.
9 réponses à “En attendant Bojangles – Olivier Bourdeaut”
Bon ben là tu m’étonnes un peu ……j’ai pourtant la larme facile mais là. ….pas de larme……j’ai bien aimé. …Certes joli conte ……mais n’en fait on pas un peu trop avec ce bojangle ???? (Hormis « superfétatoire » qui est un de mes mots préférés. …)
Alors moi j’ai pas la larme facile… Mais là il m’a eu. C’est mon petit côté Enrico Macias « Malheur à celui qui blesse un enfant »… Mais je ne dis pas que c’est un chef d’œuvre, juste un truc très bien raconté, comme j’aime les retrouver chez Alma la plupart du temps..
Par contre superfétatoire c’est un mot qui appartiendra toujours au vocabulaire des Deschiens…on a la culture qu’on mérite !
Nan mais tu sais : Morel est mon Dieu !
Ahhh j’adore aussi
C’est peut-être bien, mais cette première de couverture m’aurait fait fuir!
Ah je l’aime bien moi…comme quoi…
Cela me donne un peu plus envie de le lire, merci pour cette chronique
Et merci pour ce commentaire 🙂