The revenant – Alejandro González Iñárritu

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Après le livre, le film. Je n’avais pas grand-chose à perdre – je n’avais pas tellement aimé le livre de Michael Punke – pas assez de relief. Alors j’ai fait comme tout le monde, je suis allé voir l’histoire de Hugh Grass réécrite par I’idole Iñárritu, accompagnée de l’autre idole enfin célébrée par ses pairs à Hollywood.  Je m’attendais à du grand spectacle et c’est sûr, j’en ai pris plein la gueule en rouge et blanc -Neige et sang.

The revenant est un western au pitch imparable. Sur ce point, on pourra d’ailleurs remercier Hugh Grass lui-même, Fitzgerald, le salopard originel et bien sûr le Grizzly sans qui rien de tout cela n’aurait été possible deux cents ans plus tard.

Ce que j’espérais d’Iñárritu et qui m’avait laissé sur ma faim avec Punke, c’était, au-delà du survival movie lui-même, de réussir à mettre à jour la personnalité de Hugh Grass. Dans le bouquin, l’homme est un taiseux, un bourru dont on ne sait jamais rien de ce qui l’anime. On ne sait pas ce qui le fait avancer à part un extraordinaire instinct animal et une obsession de vengeance qui manque peut-être un peu de sens pour le lecteur.

Mais Iñárritu a tellement retouché le scénario qu’il a rajouté une tonne de raisons à Glass de se venger de Fitzgerald, quitte à s’éloigner encore un peu plus de l’histoire originelle. Après tout, on s’en fout un peu non que cette histoire soit vraie. Ce qu’il faut c’est qu’elle soit bonne et un peu calibrée les Academy awards, non ? J’ai quand même pas payé dix balles pour voir un zombie renoncer à se venger après deux heures et demie de film…Ce serait pas moral que Fitzgerald s’en tire…Alors on va s’arranger. On va le faire bien classique, on va même fabriquer le classique des classiques. Apre, violent, mais tellement esthétique et visité par des bons sentiments, ceux qui faisaient défaut à la version de Punke. Moi qui regrettait l’absence d’épaisseur du personnage de Glass dans le bouquin, je n’ai pas été déçu, j’en ai eu pour mon argent. Iñárritu en a rajouté du sentiment…Beaucoup. Avec de la perte irréparable et du deuil impossible à faire. Du coup son Glass ressemble plus à un Mad Max des terres gelées mû par le souvenir de sa femme assassinée par un blanc, qu’au héros original de Punke, sorte de prolongement austère du grizzly qui l’avait massacré.

Ah et puis ça me saoule quand même ce côté manichéen obligatoire, Glass le gentil et Fitzgerald le très méchant. Iñárritu ne fait vraiment pas dans la dentelle. Quitte à réinventer Glass, il en a fait un quasi Prix Nobel de la Paix, seul humain parmi les sauvages, blancs ou rouges qui l’entourent.

Bref ! j’ai des petites réserves. Mais c’est dommage et c’est de ma faute. Je n’aurais pas dû lire le livre avant de voir le film. Si je n’avais rien su de l’histoire, je n’aurais pas eu tous ces doutes, vu toutes ces transformations, ces arrangements destinés à paver le chemin du triomphe consensuel. Si je n’avais pas lu le revenant, j’aurais juste savouré le spectacle incroyable, ces paysages hallucinants, la beauté de la photographie qui nous fait parfois penser au meilleur de Terence Mallick, cette sobriété crue malgré tout dans la réalisation, la caméra qui s’attarde et qui fait de la nature le personnage principal du film, ces silences, ce froid, cette solitude.

Je nage un peu à contre-courant, je le sais, je pinaille un peu parce qu’au final, Iñárritu respecte tous les codes du western. Dur, manichéen mais juste. Di Caprio en John Wayne 2.0, enfin prophète en son pays, décidément Iñárritu a tout compris.

7 réponses à “The revenant – Alejandro González Iñárritu”

  1. Et l’indien qui prend soin de lui et se retrouve pendu avec le panneau autour du cou (pour que les américains comprennent bien le message du film!)? je l’ai trouvé plus humain que Glass, bien plus. J’ai beaucoup aimé la trilogie d’Innarritu et même Birdman, mais là, je trouve qu’il a calibré son film pour les Oscars…Fitzgerald semble méchant, mais c’est surtout, il ne connait pas l’empathie, ce sentiment humain.

  2. J’ai des réserves sur Fitzgerald… Pour moi, c’est surtout (et avant tout) un lapin de Garenne, égoïste et matérialiste, pris dans les deux feux d’une voiture en plein blizzard (je suis la reine de la métaphore). Il veut juste survivre. Quitte à marcher sur les autres, voire à les enfouir dans un trou sous trois pelletées de terre. ‘Fin c’est une sorte de pragmastisme dans l’urgence, parce qu’il préférerait pas mourir, comme 99% des habitants de cette planète placés dans la même situation. Je ne comprends pas en quoi c’est blâmable, étant donné que Glass ne lui doit rien et qu’il ne doit rien à Glass (oui, j’enlève Hawk des débats, parce qu’il est juste absolument useless, ce personnage). Donc parfait connard, oui. Incarnation de l’esprit du mal, non, moins quand même… 🙂

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