Difficile de faire comme si de rien n’était. Hors de question de s’habituer mais malgré ce qu’on veut bien en dire, cette fois-ci et malgré toute l’horreur niçoise, les oiseaux se sont tus un peu moins longtemps, FB fait un peu moins son Charlie endeuillé et le Tour de France partira de Montélimar dans quelques heures…le sensationnel morbide nous accompagne depuis bientôt deux ans. Et oui, on continue de boire des pots en terrasse. On ne se fout de rien, on vit avec.
Comment redevenir léger après l’horreur. Facile pour nous qui ne n’étions pas en première ligne, ni le 7 janvier, ni le 13 novembre ni sur la Promenade des anglais…Si, si c’est facile. Les rires de nos enfants nous rappellent au présent. Et c’est très bien ainsi.
Catherine Meurisse aurait pu, dû y passer le 7 janvier. Elle était en retard à la conférence de rédaction de Charlie. Sauvée par une panne d’oreiller. La suite, on la connait. Ce qu’on ne peut imaginer, c’est l’après. C’est la plaine déserte qu’elle et quelques autres ont dû traverser seuls. Au milieu de la peine indicible, du traumatisme, de la culpabilité. On pourrait parler de Chemin de croix mais les gars et les filles à Charlie n’ont jamais trop été portés sur la chose bigote. Catherine Meurisse a fait son chemin, elle a réussi à reprendre ses crayons et nous a livré son regard. Luz a appelé le sien Catharsis. Je ne l’ai pas lu mais je l’imagine proche parent.
La Légèreté est un livre fort, évidemment, très pudique aussi. Un témoignage très personnel et poétique, porté par un regard singulier, coloré, pas dépourvu de sourires mais marqué malgré tout par une tristesse insondable. Proust et Baudelaire, Rothko et les fantômes de Charlie accompagnent Catherine Meurisse dans cet hiver froid et délicat, dont on espère qu’elle sortira bientôt, légère à nouveau. Nécessaire.
La légèreté, Catherine Meurisse, éditions Dargaud.
Une réponse à “La légèreté – Catherine Meurisse”
Elle a un humour formidable , sa « Moderne Olympia » était hilarante.
Quelle tristesse… Ton billet dit bien les choses. J’avais lu « Catharsis » et pas réussi à en parler, tout mes mots semblaient indécents…