L – Thibaut Klotz

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Ce monde marche sur la tête, moi je vous le dis. Je détourne des milliards qui ne seront jamais rendus, juste pour le fric, juste pour le fun, et voilà que je deviens la dernière tétine à la mode pour enfants de nantis.

Hein ?? C’est très étrange. J’avais très envie de lire ce livre, dont j’adore l’éditeur. J’étais très curieux aussi des critiques que j’avais parcourues vite fait comme ça entre deux vidéos de chatons sur FB. Et puis le pitch semblait très prometteur… »Trois traders se suicident dans trois villes d’Europe, à chaque fois dans le sillage d’une femme fatale à la chevelure tantôt noire, tantôt blonde… »

Elle avait l’âge auquel les femmes commencent à regarder en arrière, alors même que les hommes n’ont d’yeux que pour elles.

Ça sentait bon la fantaisie policière de bon goût. D’autant plus que la quatrième de couv’ laissait volontiers transpirer un humour fin, très fin. Je salivais, je voyais déjà apparaître un petit bonheur frais de l’été. Un truc à siroter la truffe au vent , un Pastis glacé dans la main gauche. Les premières pages ne m’ont pas déçu. Portrait de petit flic besogneux, Arthur Vega, ni con ni doué, juste ordinaire, et ces traders qui commencent à se ramasser à la pelle. Tout va bien.

Et puis. Et puis, après dix pages, changement de chapitre. Mais pas seulement. Changement d’univers aussi, de couleur d’encre, histoire de nous faire comprendre que si jamais on s’était cru débarqué chez Vargas ou un de ses émules, on avait fait fausse route. L’encre grise nous offre un récit parallèle à l’écriture soutenue et au propos aussi poétique que confus.

Deux pages grises et les glaçons manquent déjà à mon Pastis. Je commence à regarder ailleurs, à relire les mêmes lignes plusieurs fois, à confondre des prénoms qui n’évoquent rien, à me demander pourquoi Thibaut Klotz m’a dérangé, moi qui m’était si bien installé dans ses premières pages. Et ça a continué. Retour aux pages noires, chapitres Arthur Vega agréables fin et fluides, à défaut d’être limpides, et puis retours au gris et à ces personnages de femmes, Jeanne, Virginie dont on se demande, et c’est bien volontaire ce qu’elles voudront bien nous apprendre, plus tard. Si je tiens jusque-là…parce que je me perds, que mon esprit s’échappe, qu’il passe à travers de ce livre comme on traverse un tunnel non éclairé, espérant la lumière au bout, quelque part. Oui j’ai songé à m’arrêter quand, une nouvelle fois, je me suis retrouvé dans un brouillard esthétique au début d’un chapitre gris…

Suspension fugitive de l’escarpin leste au-dessus de la bordure graniteuse du trottoir, pilant devant les jointures assassines bornant la ligne entre bitume et sable, poutre d’équilibriste mouchetée d’un tapis de samares gorgées d’absinthe, à l’ombre des érables en rut, bras dépliés comme les voiles plumeuses d’une cigogne noire en plein vol, elle marchait, un bouquet de roses à la main.

Et puis, à la faveur d’une insomnie moite (il fait chaud ici), enfermé dans les toilettes pour ne pas réveiller l’assemblée des ronfleurs, j’ai poursuivi et terminé ce L intriguant malgré tout, dont je ne pourrais pas dire qu’il n’est pas de qualité. Vraiment, il y a du talent, beaucoup même chez Thibaut Klotz, mais qui m’a laissé au bord de la route, que j’ai regardé passer de loin, comme une vache broute en observant un train dont elle sait qu’il va trop vite pour qu’elle le rattrape un jour…

L, Thibaut Klotz, éditions Le nouvel Attila

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