Victoria – Justine Triet

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Virginie Efira est une bonne actrice. Voire une magnifique interprète. Ça parait un peu con de dire ça mais avant la séance d’hier soir, je ne le savais pas.  Jusque-là, et depuis son départ de la Nouvelle Star – c’était au siècle précédent ou presque -, Virginie Efira n’avait joué que dans des niaiseries tièdes, des comédies bof où on avait misé sur sa bonne humeur légendaire et consensuelle, son sourire charmant et sa silhouette parfaite. Je l’avoue, l’Efira comédienne ne m’intéressait pas vraiment. Il a fallu que la presse se fasse l’écho de ce Victoria, qu’on dise ici et là qu’elle avait enfin trouvé le rôle de sa jeune carrière pour qu’on se précipite, le cœur en avant et l’a priori bienveillant.

On nous annonçait une comédie hilarante, c’est Télérama qui le disait sur l’affiche, mais même si je me suis marré plus d’une fois, je ne dirais pas que le film est hilarant. Il est parfois très drôle, humour fin, situations loufoques, personnages un peu zinzins – Melvil Poupaud est magnifique en copain boulet totalement névrosé – ,visité par l’éternellement maladroitement charmant Vincent Lacoste (où comment un visage à la Bernard Menez peut dégager Charisme, humour irrésistible et séduction), mais le film touche avant tout par la tristesse infinie qu’il dégage et par l’émotion incroyable qu’Efira parvient à faire passer. Bien sûr, la caméra de Justine Triet y est pour beaucoup, qui visite les silences, les habite, s’installe dans les intervalles et surprend les regards, les soupirs.

Une histoire de solitudes. Celle de Victoria bien entendu, avocate un peu fauchée, mère trop occupée de deux petites filles au regard un peu perdu, confinées dans un appartement parisien étouffant, bordélique et trop petit. Celle de Sam – Vincent Lacoste – ex-dealer paumé charmant que Victoria n’a même pas le courage d’éloigner et qui squatte sur le canapé, et tous ces amants qui passent, défilent, en quête d’un shoot de sexe qui leur fera oublier, le temps d’un étourdissement, à quel point leur existence est veine.

Victoria nage à contre-courant dans des eaux de plus en plus froides. Elle s’enfonce chaque jour un peu plus dans une déprime existentielle moderne. Elle passe son temps à croiser des gens qu’elle ne rencontre plus. Et elle ne voit pas ceux qui sont là et qui l’aiment. Ses deux filles et Sam Lacoste aux yeux de cocker amoureux. Alors elle finit par plonger à force de ne plus avoir l’énergie de nager. Mais Sam est là qui veille.

Vous l’avez compris, on peut vraiment regarder ce film sous plusieurs angles. Celui de l’humour évidemment, encore une fois, je me suis vraiment marré, mais aussi celui de l’émotion à travers ce portrait de femme au bord de la rupture, une quarantenaire sublime qu’on voudrait prendre dans ses bras comme finit par le faire Sam. Comme disait Miossec : « Si tu connais le désir qui va vite et qui dure longtemps, je voudrais que tu m’y précipites du haut de tes quarante ans. L’histoire devait être écrite pour que tu sois si belle maintenant. Une vraie beauté détruite y’a rien de plus émouvant. »

Alors bien sûr le scénario est un peu accessoire. Service minimum et codes de la comédie romantique respectés. Avec moi, ça marche à chaque fois, j’ai un côté fleur bleue assumé. Oui la première partie, originale et rythmée tient la route, mais ensuite Justine Triet se laisse porter par son personnage, sans vraiment savoir conclure  son histoire, le scénario passe au second plan. Mais on s’en fout un peu quand même un peu, le plaisir est ailleurs, ne le gâchons en mijaurant. Ce film est un bonheur que j’ai traversé sans me déparer d’un sourire niais, ce n’est pas une fadaise tiède et Virginie Efira est une actrice magnifique.

5 réponses à “Victoria – Justine Triet”

  1. j’adore Miossec 🙂
    dis moi tu t’es lâché sur les jeux de mots : « en quête d’un shoot de sexe qui leur fera oublier, le temps d’un étourdissement, à quel point leur existence est veine » tu nous fais une métaphore filée ? ^^

  2. C’est sûr qu’elle a de l’abattage et même plus que ca , je te l’accorde…m’enfin…l’ensemble ne confine pas au chef-d’oeuvre tout de même … ( je l’avais vu en avant-première en juillet ds le cadre du prix Elle Cinema, avec six autres concurrents 😉

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