Comancheria – David Mackenzie

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Si tu aimes l’Amérique White Trash – santiags usées, stetsons crades, bières tièdes, mobiles homes pourris et derricks perdus dans des déserts infiniment plats- si tu aimes l’univers des néo-noirs de chez Gallmeister, les Benjamin Whitmer, les Jon Bassoff, les Craig Johnson. Si tu te demandes à quoi ressemble l’Amérique profonde, celle qui votera massivement Trump en Novembre parce qu’elle vit encore dans un western texan, va, cours voir Comancheria, le dernier polar de l’ouest de David Mackenzie, un truc âpre, rêche comme une gauloise sans filtre qui te dresse un tableau aussi noir que poisseux d’une Amérique très loin de la carte postale.

Frangins braqueurs de banque s’attaquent au trou du cul du Texas, débarquent à peine préparés dans des bleds poussiéreux, braquent la caisse et s’enfuient sans laisser de traces. Ou presque. Ces frangins, Chris Pine (Brad Pitt, dix ans de moins) et Ben Foster, deux paumés dont l’un sort de prison après avoir tué son père, dégaines de cowboy, flingue à la ceinture se lancent dans une tournée désespérée des agences du coin. Un côté Bonnie & Clyde, fuite en avant avec issue fatale obligatoire, une sorte de suicide familial annoncé, histoire d’arrêter là le cours d’une lignée maudite. Quitte à crever, autant le faire beau, régler son compte à la banque, cette charognarde et mettre les enfants de Toby (Chris Pine) à l’abri. Totalement dans l’empathie.

Nos héros sont les deux frères aux failles tellement visibles. On n’a qu’une envie, qu’ils arrêtent leurs conneries, qu’ils se rangent avant de se faire flinguer, puisque tout au Texas se règle colt en mains. On voudrait que Toby le beau ténébreux retrouve ses gamins et que l’histoire reprenne son cours sans nous. Mais Jeff Bridges, l’extraordinaire Ranger Hamilton, à quelques semaines de la retraite, vieux flic, gros cœur un peu bourru, flair incomparable, veille et surveille. On devine la suite, l’ultime braquage qui foire bien sûr et l’affrontement, inévitable.

Superbe western moderne, rural et écorché, où les vrais salopards ne sont pas ceux qu’on pense bien sûr. Un film lent, porté par des acteurs superbes, un polar pas survolté malgré l’action et les coups de feu, une belle histoire de frangins aussi, un truc fortement dosé en testostérone qui dissèque le mal être du mâle dans un décor de routes en ligne droite et de derricks à perte de vue. Fort.

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