Vagabond – Franck Bouysse

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Parce qu’il n’en était pas moins homme à refuser la certitude de l’absence, et que cette certitude infinie de revenir à ce souvenir dans tous les sommeils futurs faisait plus mal encore.

J’ai commencé avec Gus et Grossir le ciel. Je n’avais pas lu Vagabond sorti en 2013 aux éditions Écorce. Après le génial Plateau au printemps dernier, je me suis retrouvé en manque de cette noirceur de taiseux aux épaules courbées, lourdes de secrets tellement pesants qu’ils hantent jusqu’aux silences des terres rurales que l’auteur aime à explorer, en hiver et en lenteur.

Vagabond, texte court et dense, est un petit bijou, un concentré de Franck Bouysse, tout en en atmosphère, en écorchures silencieuses, en lenteur nocturne désabusée.

L’homme, qu’on ne nomme pas, erre dans la ville et dans sa vie, passe de bars en bars, une guitare à la main et crache son blues crade et triste jusqu’au bout de la nuit. Il court avec les fantômes, après cette femme assise au fond de la salle, après les souvenirs, après LE souvenir. Une errance, un voyage sans but, fatal forcément.

Franck Bouysse n’a pas besoin de beaucoup de mots, il dépèce les âmes perdues, il les saigne dans le caniveau au bout de la nuit, dans une ruelle mal éclairée. Vagabond, sale histoire d’une tristesse qui colle à la peau comme une odeur tenace, un adieu à l’enfance et à la vie, fort comme le shot de trop, avalé sec, seul au comptoir avant la fermeture du bar. Puissant.

Les cris muets de son enfance à lui, qui l’avaient amené à fuir bien des fois, parce que la fuite est la seule chose qui reste aux hommes civilisés.

Vagabond, Franck Bouysse, La manufacture de livres.

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