En Islande, il y a l’Eyjafjöll (se prononce comme un éternuement à l’envers), il y a des moutons, pleins de moutons, dont les islandais adorent manger les têtes et les yeux en particulier. Il y a une ville, une seule ou presque, Reykjavik, 200000 habitants, soit plus de la moitié de la population totale islandaise – hors moutons.
Je ne sais pas comment un pays aussi peu peuplé peut produire autant d’artistes connus, voire très connus pour certains, sur une terre occupée en grande partie par des volcans hyperactifs, où on ne voit que quelques arbres – et ils font pitié, où le jour et la nuit prennent des vacances de six mois…
Bjork, Sugarcubes, Mùm, Hallgrímur Helgason, Bang Gang, Halldor Laxness, Auður Ava Ólafsdóttir, Carl Thordarson (ah non, lui c’est un ancien joueur du Stade Lavallois), et surtout…Sigur Rós.
A la sortie de l’album Ágætis byrjun (à vos souhaits) en 1999, le monde commence à s’intéresser à Sigur Rós. Ils tournent en première partie de Radiohead, et trois de leurs chansons figurent au générique de Vanilla Sky avec Pénélope Cruz, (prononcez crouze) et Tom Cruise (prononcez …euh …crouze). A partir de là tout s’emballe, David Letterman invite même le groupe sur le plateau du Late show pour deux chansons live.
Oui mais voilà, Sigur Rós n’est pas Oasis. On les voit peu dans Voici et Closer, ils ne se battent pas entre eux, ne défoncent pas leur chambres d’hôtel, ils parlent tellement doucement et bas qu’il faut mettre le son plus fort si on veut les entendre.
Bref, si l’islandais n’est pas nécessairement revêche, il n’est pas non plus très expansif de nature. Peu de mots, juste qu’il faut pour se faire comprendre, un ou deux claquements de langue, un bonnet sur la tête et on est prêts pour aller regarder les beaux glaciers et les volcans pendant des heures sous un ciel bas, si bas…On se fera une tête de mouton à la vinaigrette en rentrant, ça nous réchauffera.
En 2005, le groupe est passé à l’Elysée Montmartre. Avec Bertrand et François, on s’est posés sagement au fond de la salle, pas loin des toilettes… En première partie, il y avait un autre groupe islandais, Amiina, qui proposait une musique, disons…confidentielle, à base de tintements de verre, claquements de langue – décidément très répandus chez les islandais- et autres percussions diverses…on adhérait mollement. Devant nous, deux rescapées des années corbeaux, deux vilaines en deuil perpétuel, se retournaient pour nous fusiller du regard à chaque fois qu’on osait émettre un avis un peu critique. De toutes façons, comme on était placés à côté des chiottes, le bruit du sèche-mains couvrait le son des claquements de langue et finissait d’achever une prestation aussi longue que pénible…
Et puis Sigur Rós est entré en scène. Le groupe a commencé son concert avec Glosoli, la meilleure chanson de l’album Takk, qui venait de sortir. J’étais en apnée. ÉNORME. Toute la chanson jouée sans que le rideau, un drap blanc à peine transparent placé devant la scène, ne soit levé. On n’entendait plus le sèche-mains. Mur du son à la fin du morceau. Les deux vilaines chauves-souris devant nous qui s’accrochent l’une à l’autre pour ne pas tomber.
Le rideau s’est levé dès la deuxième chanson .Un concert fabuleux, mélange de balades inclassables – l’islandais ça vous caresse les oreilles – et guitares surpuissantes appuyées par la batterie.
Dernière chanson, Popplagið, cinq minutes plutôt lentes, une mélodie sirupeuse, slow nordique un peu dégoulinant et puis soudain, Jonsi, le chanteur qui jette son archet, le rideau qui revient et recouvre la scène. La batterie qui se réveille et remplit l’espace. Commence alors un moment d’anthologie de 10 minutes, un final ÉPOUSTOUFLANT, sans hésiter le meilleur que j’ai jamais vécu à un concert.
Le lien vidéo est un extrait de Heima, le document produit en 2006 autour de la tournée du groupe, de retour au pays après un an de concerts à l’étranger. Popplagið clôt le document dans un orgasme, ni plus ni moins. Toujours pas trouvé mieux.
3 réponses à “Popplagið -Sigur Rós – 45 chansons”
Et bam !
oh ça donne vraiment envie 🙂 (de découvrir Sigur Ros et de retourner en Islande)
Génial alors !!