Cargo culte -Serge Gainsbourg – 45 chansons

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Ecrit le 21 décembre 2011                 CARGO CULTE                         SERGE GAINSBOURG

En 1971, Gainsbourg écrit l’Histoire de Melody Nelson. Un album concept, très court, sept chansons, 28 minutes. Un bide commercial retentissant, moins de vingt mille copies vendues. Et pourtant Melody Nelson est considéré par beaucoup comme LE chef d’œuvre de la chanson française. Rien que ça. Evidemment c’est un monument qui se visite en silence, avec respect. On l’écoute d’un bout à l’autre, on n’ose pas isoler une chanson. C’est pourtant ce que je fais ici…mais après tout, j’ai tous les droits, il n’y a pas que Melody Nelson qui fête ses 40 ans (nb: ça marche aussi avec 45) cette année.

1971, c’est une grosse année musicale: Led Zeppelin Stairway to heaven, John Lennon Imagine, Issac Hayes Shaft ou encore Marvin Gaye What’s going on…du très lourd. Mais c’est vrai qu’il y aussi l’autre côté du miroir : Sheila  Les rois mages, Michel Delpech Pour un flirt , Gilbert Montagné The Fool  ou encore…  L’aventura de Stone et Charden. Bon.

C’est Vincent B qui m’a fait découvrir Melody. Vincent c’était mon pote au golf. La gauche de la gauche du fairway…Le style à menacer avec un sandwedge le premier pharmacien qui ramenait son pantalon à carreaux un peu trop près.

Après avoir vidé avec moi tous les fûts de bière du club house, il n’était pas rare de voir la 4L de Vincent débarquer à la ferme avec David -l’autre pote du Trotsky Golf club – pour prolonger la soirée autour d’apéros interminables… David roulait des cigarettes qui font rire, moi je continuais à la bière et aux chips, et le chien (feu Schubert), essayait de récupérer tout ce qu’il pouvait sous la table. Une fois, David a laissé tomber une boulette… et le chien a fait le grand prix de Monaco pendant une heure autour de la maison.

Quand la nuit tombait, on commençait à s’avachir et à regarder le ciel étoilé, bière à la main. Un soir, Vincent a sorti l’histoire de Melody Nelson . On a écouté l’album sans rien dire, les yeux perdus dans la voie lactée. On a même cru voir passer la lointaine planète Euphor et son Prince Actarus.

Cargo culte, c’est la chanson qui clôt l’histoire. Elle commence par un étrange passage parlé qui rompt avec le rythme guilleret de En Melody, le morceau précédent.

Melody voulut revoir le ciel de Sunderland
Elle prit le sept cent sept, l’avion cargo de nuit
Mais le pilote automatique aux commandes
De l’appareil fit une erreur fatale à Melody

Ensuite, c’est l’entrée progressive dans une ambiance musicale hallucinante où chaque instrument vit indépendamment des autres. La basse lente et folle, soulignée seulement par une batterie nonchalante, presque absente. Le phrasé accablé de Gainsbourg à qui une guitare désabusée à la Hendrix vient porter secours au bout de deux minutes…Les chœurs qui arrivent, discrets puis omniprésents, la basse qui s’affole jusqu’au final orgasmique…C’est la perfection. Merde, Sonic Youth n’a rien inventé…Tout était là depuis 1971, l’année où Charlotte et moi sommes nés.

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