Ecrit le 3 novembre 2011, N°6 LES THUGS
Ah…les Thugs. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans…
Car nous avions tout juste 20 ans quand, le cheveu long et les idées tristement courtes – je parle pour moi- nous nous extasions sur nos héros locaux, comme d’autres s’emportent pour de grandes causes ou une équipe de foot digne de ce nom…A Angers, nous avions droit en matière de foot, grâce, ou plutôt à cause du SCO, à toutes les frustrations réservées aux supporters des équipes qui perdent tout le temps…Mais nous avions Les Thugs.
Quasi inconnus en France, les Thugs étaient une véritable fierté du rock hexagonal, ils étaient distribués dans le monde entier sur des labels prestigieux aux côtés d’artistes reconnus, voire énormes (Nirvana tout de même…).Alors quand ils revenaient à Angers pour un concert à la salle Jean Vilar, nous, on était prêts à verser une larmichette.
Surtout qu’ils débutaient toujours leurs concerts par un vibrant « Salut on s’appelle les Thugs »…alors nous on fondait. Ou plutôt on pigeonnait (mouvement de balancier de la tête d’avant en arrière, assez soutenu, qui suit pendant toute une chanson le rythme de la grosse caisse).
Alors, cet amour immodéré des Thugs est-il passé avec le temps? Que reste-t ‘il de ces amours? Étions nous juste jeunes ,débordants d’énergie, prêts à accepter tout et n’importe quoi sous prétexte que c’était local et que ça faisait beaucoup de bruit, ou y avait-il autre chose, de plus fort, quelque chose qui pourrait avoir traversé les époques?
N°6, l’instrumental qui ouvre l’album IABF est un symbole de cette période. Des guitares à la tronçonneuse, un morceau court, une introduction à l’album comme un gros doigt d’honneur. Toute la violence contenue de ces années, en deux minutes de guitares saturées annonciatrices du chaos qui suit.
Non, on ne s’est jamais battus à la sortie d’une salle de concert ou d’une soirée étudiante. Oui, on était plutôt sages et on n’a jamais rencontré, ni causé de problèmes mais il y avait en nous, forcément, quelque chose à expulser, une violence qui nous faisait serrer les dents de temps en temps.
Il m’arrive encore aujourd’hui, quand je me rends à un RDV de travail important, d’écouter N°6 à m’en défoncer les oreilles, les mains crispées sur le volant.
Je serai toujours angevin, je supporterai toujours le SCO, contre vents et marées et j’aurai toujours 20 ans, c’est décidé. Alors merci les Thugs.