écrit le 28 novembre 2011, LA CHUTE YANN TIERSEN
Quand on cherche un album de Yann Tiersen, à la Fnac – ou sur Itunes maintenant, il faut se rendre au rayon Rock Français, ou Rock indépendant, voire Pop Rock. On peut le trouver aussi, et surtout, au rayon BO, onglet A, comme Amélie Poulain.
Je cherche encore à comprendre ce qu’il peut y avoir de Rock chez Yann Tiersen à part la gueule et l’esprit. Une tête de breton dépressif et une musique qui sent l’automne à perte de vue, les tempêtes en haute mer et la pluie horizontale. C’est un peu dommage qu’on l’ait réduit à ces ritournelles amélipoulinesques, qui à force d’avoir été entendues et rabâchées ont fini par nous dégoûter comme une pub pour Fleury Michon. Par moment on dirait la bande son d’un film de Christophe Baratier. Où sont Les choristes, les culottes courtes et les bons sentiments de la France d’antan ? Si j’avais su, j’aurais pas venu.
Sauf que Tiersen vaut beaucoup mieux que tout ça. L’homme est taiseux et solitaire, il vit en haut d’un phare dans le Finistère où il compose toute la journée, au piano, à l’accordéon ou au violoncelle, des chansons pas très gaies, voire franchement déprimantes mais qui ont toujours su m’accompagner dans les moments de solitude…J’avoue, je me suis souvent complu dans une certaine forme de mélancolie.
La chute, c’est un morceau que j’ai écouté mille fois sur le trajet du boulot, quand je travaillais à Londres. Le matin, Je prenais le train de la compagnie South West trains et je regardais défiler la banlieue londonienne au rythme des stations grises qui se succédaient. Clapham Junction, Earsfield, Wimbledon, Raynes Park, Mostpur Park, autant de vieilles gares usées, à l’architecture dépassée, témoins intemporels de la révolution industrielle. A Londres, c’est parfois Novembre toute l’année et Tiersen, le compagnon idéal des journées ternes.
Je jette aujourd’hui un regard amusé sur ce quotidien triste mais non dénué de charme. Il m’arrive encore de prendre ce train qui traverse le sud de Londres, qui passe devant les usines désaffectées et les quartiers résidentiels aux rangées de maisons identiques. Il y a en Angleterre quelque chose du passé, quelque chose d’étrangement chaleureux et désuet qui invite au réconfort. C’est sans doute aussi ce qui me ramène là-bas depuis tant d’années. L’Angleterre c’est un peu chez moi…j’ai dû merder quelque part.